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L’aristocrate écolo et le paysan bio

La princesse Constance de Polignac descend d’une des plus nobles lignées de l’aristocratie française. Cette passionnée de musique est également championne de tir au revolver, amatrice de saut en parachute et… écologiste convaincue.

Hôtel de luxe et… écolo

Depuis 2009, la propriétaire du domaine de Kerbastic, un manoir privé du XVIIe siècle transformé en hôtel de luxe, a décidé de gérer ses terres familiales dans le plus grand respect de l’environnement. C’est donc tout naturellement que 62 hectares de grandes cultures (céréales et légumes en plein champ) et 2 hectares de maraîchage ont été convertis en agriculture biologique. Ce qui permet aux clients de l’hôtel-restaurant de savourer les produits locaux cuisinés par un ancien chef du Plaza Athénée, Raphaël Dubroeucq. Le domaine de Kerbastic est ainsi l’endroit idéal pour un déjeuner d’affaires ou un dîner en tête-à-tête, sur les traces de Cocteau, Colette, Proust, Poulenc ou Stravinski, qui séjournèrent en leur temps sur les terres des Polignac à Guidel, dans le Morbihan.

Fidèle à la tradition familiale, la châtelaine écolo se félicite de conjuguer saveurs gastronomiques et plaisirs musicaux dans des soirées empreintes de la nostalgie d’une époque révolue. Sans pour autant se priver de la connexion wi-fi, « pour ceux qui garderaient tout de même un pied dans notre siècle », précise la brochure des lieux…

Ces soirées musicales ne sont les seules activités proposées par la princesse, qui gère le domaine de Kerbastic depuis que son frère, le prince héritier, s’est écrasé avec son avion sur la pelouse du château. Constance de Polignac organise également des séminaires destinés aux chefs d’entreprise, pour « aller à la rencontre de soi-même et prendre conscience de son corps et de sa créativité ».

« Potager bio, gestion différenciée, suppression des pesticides, entretien des jardins par des personnes handicapées. J’ai envie de tout désintoxiquer », poursuit la dame au sang bleu et au teint pâle, qui a également pratiqué le ski extrême, piloté des avions et conduit des voitures de sport. C’est d’ailleurs suite à trois accidents de voiture qu’elle a subi trois comas consécutifs. Une épreuve surmontée grâce aux « peuples premiers », comme elle les appelle. « C’est par eux que j’ai appris que la terre était vivante et qu’elle faisait partie de moi. Ce sont aussi leurs rituels et leur médecine qui m’ont guérie de mon amnésie », témoigne la princesse, initiée par les Indiens Mazatec du Mexique aux santos niños, ces champignons hallucinogènes qui la font « entrer en transe très facilement ». De leur côté, les Jivaros d’Amazonie et les Pygmées du Gabon lui ont fait découvrir ses talents de guérisseuse. Qu’importe que tout ceci fasse un peu New Age ! À Kerbastic, on privilégie l’être à l’avoir. « La vie n’a que le sens qu’on veut bien lui donner, et au fond, il n’est même pas sûr qu’elle en ait un», philosophe la princesse dans Le Monde 2.

Une rencontre attendue depuis 50 ans

C’est lors d’un dîner à Paris, il y a trois ans, que la riche aristocrate a été mise en relation avec un paysan pas comme les autres: Pierre Rabhi, le chantre de la décroissance et de l’agroécologie. « Nous sommes tombés dans les bras l’un de l’autre et nous nous sommes tutoyés immédiatement. On s’attendait depuis cinquante ans ! », s’attendrit la châtelaine iconoclaste, ravie de cette rencontre organisée par… Colibris, le mouvement de Pierre Rabhi.

Sans surprise, le courant est bien passé entre les deux personnages. Car celui qui appelle à « l’insurrection des consciences» et la créatrice du concept « art, nature, santé » partagent les mêmes inquiétudes sur la marche chaotique du monde. « Entre l’homme aux sandales de cuir et la femme à l’étole en cachemire, la convergence des idées surpasse de très haut les gouffres financiers et culturels qui les séparent», commente Jérôme Gazeau dans Ouest France.

Depuis, Pierre Rabhi est venu plusieurs fois apporter ses conseils à la princesse. Bénévolement, bien entendu. C’est ainsi que la révolution des vers de terre a été initiée à Kerbastic. Même le conseil régional s’y intéresse ! Devenu parrain du domaine désormais tourné vers l’agroécologie, le paysan ardéchois y a initié un projet d’éco-hameau «pour installer six familles ». Il est question de production de safran, d’une petite vingtaine de ruches et d’une jachère fleurie. Une jument de trait sera à l’œuvre. Pendant ce temps, le majordome continuera à mettre du bois dans la cheminée, tandis que la gouvernante prendra bien soin de la princesse…

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