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Des ours, ça coûte cher, de plus en plus cher !

Presque 2 millions d’euros par an pour les vingt ours qui se baladent officiellement dans les Pyrénées, soit 100.000 euros par ours : voilà ce que coûte actuellement le plan de restauration Ours. C’est ce qu’indique un document émanant du ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire (Medad)! Dans ce bilan, on découvre qu’en 2007, plus d’un tiers du budget (soit environ 760.000 euros) a été consacré à l’équipe technique ours (ETO) chargée de suivre les plantigrades. Un poste en augmentation constante depuis plus de trois ans. Il est vrai que pour surveiller la vingtaine d’ours présents dans les Pyrénées, l’ETO doit constamment augmenter ses efforts. En effet, à en croire les relevés mensuels de l’équipe, il devient de plus en plus difficile de localiser les plantigrades. Sur ces vingt ours, l’ETO ne recense des traces que de huit, les autres ayant échappé à sa vigilance.

Toujours selon le document du Medad, un budget de 47.000 euros a été consacré aux voyages d’étude organisés en 2007 en Espagne et en Italie. Leur objectif était « d’échanger les expériences entre les différents pays concernés par l’ours ». Les deux autres voyages (aux USA et en Slovénie), effectués courant 2008, seront naturellement affectés au budget suivant. Certes, cette dépense n’est pas significative comparée aux 300.000 euros consacrés chaque année aux « actions partenariales » et au poste « communication », auxquels s’ajoutent les 180.000 euros distribués à l’Association pour la cohabitation pastorale (ACP), censée organiser des « animation de chiens patou ». « Le problème, c’est que personne n’est capable de préciser quel a été le nombre de chiens placés dans chaque département pour chaque année », déplore Marie-Lise Broueilh, éleveuse et présidente de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine pyrénéen (ASPP65). Cette interrogation est d’autant plus pertinente que dans un rapport parlementaire déposé le 13 décembre 2006 par l’ancien député socialiste Augustin Bonrepaux, l’ACP avait déjà fait l’objet d’une sérieuse critique. Selon ce rapport, « à peine 20 % de la subvention accordée par le ministère est effectivement employée à l’achat et à l’utilisation de chiens patous ». Notant que le nombre des adhérents de l’ACP ne dépassait pas la cinquantaine, le député écrivait : « Votre Rapporteur estime que cette association remplit une fonction de paravent des services [du ministère de l’Ecologie et du développement durable, dont l’activité échappe ainsi en partie aux règles de la comptabilité publique ».

Pour ce qui est des 550.000 euros consacrés à « l’aide au gardiennage », il est difficile de savoir comment les fonds ont été réellement distribués. « Il est difficile de faire la part des choses. Si le chiffre de 2006 semble réaliste, celui de 2007 est assez surprenant et demande quelques vérifications », souligne Louis Dollo, un journaliste pyrénéen spécialiste de l’ours. « Nous avons soumis une série de questions au MEDAD pour obtenir des précisions quant à l’attribution exacte des budgets, mais personne ne nous a encore répondu », poursuit-il. Le journaliste relève au passage quelques anomalies dans les chiffres : « En juillet 2007, 94 ovins ont été retrouvés morts à Orlu. Or, à environ 100 euros d’indemnisation par tête, le total donne un montant proche des 10.000 euros, et non 2.328, comme cela figure dans le bilan ».

Dès 2006, Augustin Bonrepaux avait alerté les pouvoirs publics sur le fait que « le niveau des crédits mobilisés par la réintroduction de l’ours brun dans les Pyrénées pourrait constituer en soi un sujet de préoccupation ». Il s’inquiétait surtout du fait qu’année après année, « les opérations liées à la présence du plantigrade ont régulièrement pris de l’ampleur, passant d’environ 780.000 euros en 1995 à 1.857.659 euros dix ans plus tard ». Le bilan du Medad confirme les craintes de l’ancien député : depuis 2000, le budget consacré à l’ours est en constante augmentation. Pour 2008, le coût des 20 ours devrait franchir la barre des 2 millions. Un montant similaire à celui débloqué en urgence par Michel Barnier pour les 10.000 viticulteurs du Languedoc-Roussillon !

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