Le 5 janvier 2009, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a publié un communiqué de presse sur le programme 2007 de surveillance et de contrôle des résidus de pesticides dans les produits d’origine végétale. Il en ressort que « les limites maximales en résidus (LMR) de pesticides ont été dépassées dans 7,6 % des cas (3,8 % en ne considérant que les dépassements des LMR communautaires) ». La publication de ce communiqué a été l’occasion pour un bon nombre de médias de titrer sur une « hausse » des résidus de pesticides dans les fruits et légumes. Or, le véritable scoop réside plutôt dans le fait que l’étude – rendue publique quelques jours plus tard – révèle que 21% des produits issus de l’agriculture bio contiennent des résidus de pesticides, et non 3,1% comme cela figure dans le communiqué de presse !
Le rapport indique en effet que « sur 256 échantillons de produits biologiques, 203 échantillons ne présentent aucun résidu de pesticides. 45 échantillons sont positifs en dessous de la LMR et 8 échantillons sont positifs au-dessus des teneurs maximales autorisées. En tenant compte de l’ensemble des échantillons positifs, le taux de non conformité est de 20,7 % ». Certes, ces pourcentages ne concernent que 256 échantillons. Il serait donc malhonnête d’en tirer une conclusion générale. En outre, cette présence est loin de représenter un risque quelconque pour la santé. Toutefois, ces produits ne sont pas « loyaux » puisqu’ils ne sont pas conformes aux attentes des consommateurs, persuadés qu’ils achètent un produit sans résidu de pesticides de synthèse.
Comment expliquer que ce chiffre de non conformité soit ramené à 3,1% dans le communiqué de presse de la DGCCRF ? Tout simplement parce que pour l’obtenir, le rapporteur n’a pris en compte que les dépassements des taux de LMR autorisés dans le cadre de l’agriculture conventionnelle. « En se référant aux seuls échantillons au-dessus de la LMR, ce qui est demandé dans le cadre de l’exercice communautaire, [le taux] est ramené à 3,1 % », poursuit le texte. En clair, le tour de passe-passe consiste à transformer des produits « bio » en produits issus d’un mode de production conventionnel… Explication de la DGCCRF : « La note d’information générale qui a été communiquée répond à la demande de la Commission européenne portant sur la sécurité des produits en terme de résidus. C’est-à-dire que les résultats sont donnés par rapport à des LMR (dont le dépassement ou non peut avoir une incidence sur la santé). La Commission ne prend pas en compte le critère « biologique » des produits ». En revanche, « pour la DGCCRF, la notion de LMR n’a en effet pas de signification dans le cadre de l’agriculture biologique », confirme Catherine Kosinski, du « bureau C3-Loyauté ». Cette direction est chargée de s’assurer de la « loyauté des produits biologiques », c’est-à-dire de vérifier qu’il n’y a pas eu d’utilisation de pesticides non autorisés par les producteurs bio. C’est le sujet d’un autre rapport (TN 315BIO) qui, lui, reste confidentiel. Il permet en effet à la DGCCRF de mener des enquêtes afin de déterminer la part entre les pratiques frauduleuses, les négligences fautives et les victimes d’une contamination fortuite.