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Alors que le MDRGF lance sa traditionnelle Semaine sans pesticides, les agriculteurs bio s’inquiètent de la réduction des pesticides utilisés en bio

Abusant d’une certaine ignorance des citoyens, le MDRGF lance sa traditionnelle « Semaine sans pesticides » en laissant croire que « l’usage des pesticides n’est pas une fatalité ». « Nous avons décidé de prouver par l’exemple que l’on peut et que l’on doit se passer de ces toxiques ! », martèle le MDRGF sur son site, intitulé Semaine pour les alternatives aux pesticides – une initiative à laquelle se sont notamment joints Biocoop, Botanic, Nature & Progrès, l’Unaf, le WWF-France et la LPO. Sur ce site, le MDRGF précise : « Qu’est-ce qu’un pesticide ? » Réponse : « Un pesticide a pour vocation d’éliminer ce qu’on appelle les “ravageurs”. » Selon l’association présidée par François Veillerette, il serait donc possible d’avoir une agriculture « sans pesticides ». Bien entendu, les organisateurs de cette campagne savent parfaitement qu’ils ne disent pas la vérité. En tout cas pas toute la vérité. En effet, si le jardinier du dimanche peut parfaitement ne pas utiliser de pesticides, ce n’est pas le cas des agriculteurs professionnels, et en particulier de ceux qui pratiquent l’agriculture biologique.

Entre les pyrèthres naturels (notamment le Cicador et le Pyrévert), le cuivre ou encore l’éthylène, les pesticides utilisés en agriculture bio forment une belle palette… Sans parler de la roténone, dont l’usage a été interdit en Europe depuis le 10 avril 2008, mais qui continue à être utilisée grâce à quelques dérogations obtenues par la filière bio ; ni du Spinosad, dont l’homologation était « très attendue par les arboriculteurs biologiques » alors « qu’il est dangereux pour les auxiliaires, y compris les abeilles ».

Et pourtant, cela ne semble pas suffire. Pour preuve, le manque de solutions de traitement est un sujet récurrent traité par les instituts techniques professionnels en soutien à l’agriculture biologique. Dans son numéro d’Alter Agri de novembre 2009, l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) notait ainsi « d’une part la volonté politique affichée de réduire l’usage des pesticides et de développer l’AB », tout en déplorant « d’autre part l’insuffisance (voire l’inexistence) de solutions et de produits alternatifs légalement utilisables par les agriculteurs ».

Dans un document rédigé en octobre 2009 et intitulé Usage du cuivre en agriculture biologique, l’Itab s’inquiète d’ailleurs de la nouvelle réglementation concernant les formulations à base de cuivre, suite à l’exigence des autorités européennes et françaises d’en limiter l’usage à cause des nombreux problèmes environnementaux qu’il entraîne. « Dès l’officialisation de l’avis de l’Afssa, l’Itab a lancé (au début de l’été) une enquête auprès des viticulteurs, arboriculteurs et producteurs de légumes biologiques, afin de connaître les quantités de cuivre actuellement utilisées. Les résultats montrent, sans surprise, que, les années de forte pression de maladie, la quantité annuelle maximale de 4 kg/ha/an recommandée par l’Afssa ne permet pas, dans l’état actuel des connaissances, d’assurer une protection suffisante des cultures biologiques contre les champignons et bactéries pathogènes », indique l’Itab.

L’institut a donc adressé un courrier au ministère de l’Agriculture « afin de faire valoir les besoins des productions biologiques et d’alerter sur les conséquences sur le développement de ces productions d’une telle limitation, tant que des solutions alternatives ne sont pas disponibles ». Ce courrier, qui explique donc aux autorités sanitaires que la viticulture et l’arboriculture bio ne peuvent pas survivre si on leur limite l’usage du cuivre à 4 kg/ha/an pour combattre les maladies, est également signé de la Fnab, un des proches partenaires du MDRGF !

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