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« Le lobby des pesticides s’est pris les pieds dans le tapis », estime Arnaud Gossement

Commentant la fin de l’examen du Grenelle 2, François Veillerette a estimé que « le gouvernement se couvre de honte en défendant des positions dictées par les lobbies des pesticides ! » Le patron du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF) en veut pour preuve l’adoption de l’article 36 bis A, qui conditionne la restriction ou le retrait d’un pesticide à une évaluation des effets sociaux-économiques et environnementaux d’une telle décision. « Cette mesure est contraire à la réglementation européenne ! L’évaluation des pesticides repose sur deux piliers : l’innocuité et l’efficacité. Il n’a jamais été question d’y ajouter un pilier économique ! J’espère que le gouvernement se rendra compte de son erreur et trouvera un moyen de revenir dessus », note François Veillerette. Reprise avec quelques grossières erreurs par le Canard Enchaîné, cette analyse n’est cependant pas partagée par l’ancien porte-parole de France Nature Environnement, l’avocat Arnaud Gossement.

Sur son blog, le collègue de Corinne Lepage livre sa lecture du texte de loi, qui est bien différente de celle du militant anti-pesticides. « Plusieurs députés PS se sont émus de ce que cette évaluation pourrait permettre d’autoriser le recours à des produits phytosanitaires alors même que ceux-ci présentent un risque sanitaire. Je ne partage pas cette analyse », écrit-il en guise d’introduction. « Une évaluation socio-économique pluraliste, contradictoire et sincère, ne peut que conclure à l’existence d’effets socio-éco-environnementaux désastreux pour les phytosanitaires ! », estime-t-il. Il ajoute : « Parler de l’intérêt d’un phyto est une chose intéressante, comme pour les OGM. Les associations auront tout intérêt à contribuer puissamment à cette évaluation pour rappeler les alternatives… 
En conclusion, je pense que le lobby s’est pris les pieds dans le tapis. »

A moins que François Veillerette n’ait raison ! C’est-à-dire qu’il n’y a pas toujours d’alternative aux retraits des pesticides. En effet, que ce soit en culture conventionnelle ou en bio, sans produits phytosanitaires, il existe de très nombreux cas d’impasse technique. C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi le lobby bio se mobilise autant pour faire autoriser plusieurs pesticides, comme l’huile de neem (dont l’évaluation toxicologique n’a même pas été entamée !) ou les préparations à base de cuivre (dont les effets néfastes sur l’environnement sont redoutables). Pire, les amis de François Veillerette se sont battus pour pouvoir continuer à utiliser la roténone, alors que les risques pour la santé (maladie de Parkinson) de ce pesticide « naturel » sont reconnus, et qu’il est interdit d’usage en Europe depuis le 10 octobre 2009. Ils évoquaient alors des «raisons économiques » !

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