Est-ce le WWF qui a copié France Nature Environnement ou le contraire ? Difficile à savoir. Ce qui est certain en revanche, c’est la similitude des deux campagnes à l’occasion du Salon de l’agriculture. Trois thèmes prenant à chaque fois l’agriculture comme cible : la Bretagne et son « raz de marée des algues vertes », le maïs « arrosé d’argent public », et les pesticides, le « poison dans l’eau ». Seul différence notable entre le WWF et FNE : le média choisi. Tandis que FNE s’est concentré sur quelques panneaux publicitaires de la capitale à travers une campagne suffisamment choc pour susciter une agitation médiatique, le WWF a choisi la réalisation de trois courts métrages postés sur internet.
« Ces films d’une durée de 15 minutes, tournés en juin 2009 en Bretagne et de mai à septembre 2010 (Gers et Eure–et-Loir), pointent l’engrenage productiviste et industriel dans lequel l’agriculture française s’est enfermée au détriment du développement des territoires, de la qualité de leur environnement mais aussi, et surtout, des agriculteurs eux-mêmes », note le WWF, qui tient désormais un discours compatissant à l’égard du monde agricole. « Refusant la dénonciation et la stigmatisation, ces films sont avant tout des témoignages de terrain », poursuit le WWF, qui prône « le retour aux valeurs paysannes ». Les témoignages très sélectifs permettent de faire passer le message : le bio, c’est la solution !
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Ainsi, Pierre Pujos, agriculteur bio en grande culture, estime que « le maïs n’est pas une culture adaptée à notre région [le Gers] ». « Ceux qui font du maïs sont un peu enfermés dans un système de maïsiculture monoculture », ajoute Sabine Bono, également agricultrice bio, tandis qu’Alain Daguzan, lui aussi converti en bio, affirme qu’« il faut faire avec l’eau qui tombe du ciel ». « La monoculture du maïs fait tourner le business. C’est une culture qui demande beaucoup d’intrants, de pesticides, de semences » explique enfin le responsable local de la Confédération paysanne, qui accuse le ministre de l’Agriculture d’être « un pantin du lobby agricole »…
Tout comme le Gers, la Bretagne doit abandonner « son modèle de production intensif » et opérer sa conversion vers le bio, clame Yann Yobé, agriculteur bio. « En passant les fermes conventionnelles en bio, on a 30 % d’emplois en plus », poursuit le président de la Maison du bio des Côtes d’Armor. L’Eure-et-Loir – c’est-à-dire la Beauce – n’aurait pas des sols adaptés aux grandes cultures, affirme le WWF. « On a laissé libre cours à toutes les dérives productivistes » ajoute Gérard Leray, secrétaire de l’association Eau Secours 28. Risque de cancers suspecté, contamination lente et sournoise, eau non potable à cause des nitrates et des pesticides, le discours du WWF ne fait pas plus dans la dentelle que celui du FNE.
Après la « course aux rendements » de l’agriculture, voici donc venu le temps de la course à la surenchère des ONG…