Interview de Gil Rivière-Wekstein pour Le Figaro Magazine
Entretien paru dans Le Figaro Magazine du 28 septembre 2012
Pour Gil Rivière-Wekstein, auteur du livre Faucheurs de science (Editions Le Publieur), la science est prise en otage sur le dossier des OGM.
Le Figaro Magazine: Qui sont ces faucheurs de science que vous dénoncez ?
Ce sont des militants écologistes radicaux, qui n’hésitent pas à recourir à des méthodes faites de violence, d’intox et de manipulations. Ils sont contre tout, les OGM, le nucléaire, le gaz de schiste, les autoroutes, les nanotechnologies… En fait, ils sont opposés à la société de consommation, leur modèle de société étant fondé sur la décroissance. Et, pour faire passer ce message idéologique, ils utilisent des arguments prétendument scientifiques. L’activisme déployé contre les OGM en est une parfaite illustration.
Seriez-vous un anti « anti-OGM » ?
Mon propos n’est pas de défendre ou de combattre les OGM, mais de montrer comment ces groupuscules manipulent les populations, les médias, les politiques, et imposent leurs diktats sans pour autant maîtriser les sujets. Pour monter son armée anti-OGM, José Bové a davantage recruté au sein des associations militantes altermondialistes que parmi les experts en biotechnologie. Mais ces militants savent jouer des inquiétudes de la population, quitte à inventer des risques en mettant en exergue des études alarmistes, omettant tous travaux contradictoires. Celles-ci sont ensuite souvent réfutées au vu d’un examen plus approfondi. L’avenir nous dira si les résultats de l’étude menée par Gilles-Eric Séralini sur le maïs NK603 de Monsanto se confirment, mais d’ores et déjà ils sont contestés par de nombreux experts indépendants.
Pour vous, il s’agirait plus de propagande que d’une réelle alerte ?
Si l’étude a le mérite de relancer le débat, on peut s’étonner qu’au vu des résultats, un laboratoire sérieux puisse se permettre d’attendre la sortie d’un livre et d’un film pour révéler un tel danger aux autorités de santé. Un plan média aussi bien huilé a de quoi surprendre. Aujourd’hui, alors que l’étude porte sur un seul OGM, toute la biotechnologie végétale est mise en cause. La méthode porte donc ses fruits. Mais au détriment d’un véritable débat scientifique.
entretien réalisé par Martine Betti-Cusso