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bientôt dans vos assiettes : Paul Moreira ne fait que dans l’émotionnel, hélas !

Le business model de l’ancien journaliste de Politis, Radio-France et de l’agence Capa, Paul Moreira, est simple : réaliser des documentaires-choc à caractère militant, principalement pour l’un de ses anciens employeurs, Canal+. Depuis 2006, il opère à travers sa société Premières lignes, une agence de presse qu’il qualifie volontiers d’indépendante. « La même exigence de qualité et de rigueur habite ses productions », peut-on lire sur le site de l’Association pour la promotion de l’audiovisuel (APA). Vraiment ?

Ce n’est en tout cas pas ce qui ressort de son tout dernier opus, « Bientôt dans vos assiettes (de gré ou de force) ». Diffusé le 1er septembre sur Canal+, ce documontage traite des plantes transgéniques. Un sujet que Paul Moreira connaît d’autant mieux qu’il l’a déjà traité lors d’un précédent reportage, diffusé le 15 novembre 2005 (également sur Canal+). Le journaliste avait alors construit toute son investigation sur la base d’une prétendue étude scientifique qui a depuis lors été jetée dans les poubelles des études bidons. Neuf années plus tard, que reste-t-il de ce reportage ? « Rien, sauf la capacité remarquable de journalistes à construire des histoires cohérentes, à défaut d’être vraies, dans des buts militants et à user du montage pour mettre en difficulté ceux qui défendent les faits qui contredisent leur thèse », répond pertinemment Marcel Kuntz, chercheur au CNRS.

Dans« Bientôt dans vos assiettes », Paul Moreira a déployé tout son talent. Il est vrai que le patron de Premières lignes maîtrise parfaitement les rouages de l’intoxication médiatique. En 2007, il a même rédigé un livre à ce sujet, Les nouvelles censures, Dans les coulisses de la manipulation de l’information (Robert Laffont).

Paul Moreira a donc construit un script digne d’un polar, mais sans grande originalité. Il reprend le triptyque habituel des militants anti-OGM : montrer des « victimes » (animales et humaines), mettre en avant les gentils « héros » de la lutte anti-OGM (José Bové, des militants altermondialistes et Gilles-Éric Sérlini), et dénoncer les « méchants », incarnés par Monsanto, les États-Unis et le lobby des « entreprises transgéniques [sic !] ». Le scénario du film, qui ne laisse place à aucun moment à une analyse fine et nuancée, aurait parfaitement pu être écrit par Benjamin Sourice, l’un des cofondateurs du collectif Combat Monsanto, et qui a été en 2012 l’assistant post-production pour le film de Marie-Monique Robin Les Moissons du futur. Sur Tweeter, ce militant anti-OGM, en charge de la com’ du Criigen de Corinne Lepage, se félicite d’ailleurs d’avoir reçu dès le début du mois d’août une copie de l’émission.

Bien entendu, un tel documentaire ne s’inscrit pas dans le cadre d’un débat rationnel : il ne vise qu’à mobiliser l’émotionnel. Et dans ce registre, Paul Moreira a fait encore plus fort que Gilles-Éric Séralini ! Alors que le professeur-militant a réussi à associer aux OGM des photos de rats déformés par des tumeurs, le journaliste a tenté d’imprimer dans l’esprit de ses spectateurs un lien encore plus puissant : des enfants pauvres et handicapés d’Amérique latine et l’usage d’OGM et de pesticides. Il fallait oser !

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