Lors d’une cérémonie qui s’est déroulée le 16 octobre dernier à Des Moines (Iowa), le prestigieux Prix mondial de l’alimentation 2014 a été remis au DrSanjaya Rajaram, ancien directeur du programme de sélection du blé du Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT). Fondé en 1987 par l’agronome américain Norman E. Borlaug, lauréat du prix Nobel de la paix et père de la Révolution Verte, ce prix honore chaque année des personnalités dont les travaux ont contribué à améliorer la qualité, la quantité et la disponibilité des produits alimentaires. D’origine indienne, le Dr Sanjaya Rajaram en fait indéniablement partie. En effet, il est l’un des plus grands spécialistes du blé, et grâce à ses efforts et à ceux de ses équipes de par le monde, plus de 480 variétés de blé à rendement amélioré, résistantes aux maladies et aux organismes nuisibles, ont été plantées dans environ 50 pays. Aujourd’hui, ces différentes variétés permettent de produire plus de 200 millions de tonnes de blé chaque année, soit presque un tiers du total de la production mondiale !
À l’occasion d’une rencontre informelle avec plusieurs journalistes, Sanjaya Rajaram s’est inquiété du manque d’investissements accordés à l’agriculture par le secteur public. « La plupart des pays n’investissent plus dans l’agriculture, alors que nous aurions besoin d’investissements à hauteur de 3% du PNB. C’est pourquoi nous devons encourager les entreprises privées à y participer », a-t-il déclaré. Le nouveau lauréat a rappelé que si environ 650 à 700 millions de tonnes de blé sont produites chaque année, dans moins de quarante ans, les besoins s’élèveront à plus de 1100 millions. Soit une augmentation de 60% ! Selon le chercheur indien, atteindre cet objectif nécessite une combinaison de trois facteurs : améliorer les méthodes de production, notamment en prenant mieux en compte l’agronomie ; lutter contre les pertes post-récolte, qui représentent un véritable problème en raison du manque cruel d’infrastructures et de protection des récoltes dans les pays de l’hémisphère sud ; et enfin, rendre disponibles aux millions de petits agriculteurs des variétés de semences adaptées aux problèmes auxquels ils devront faire face en raison du changement climatique (manque d’eau, pics de température, apparition de nouvelles maladies ou prolifération d’insectes). « Les biotechnologies végétales ainsi que les blés hybrides seront indispensables à l’agriculture de demain », a-t-il conclu. Ce qui pose un réel défi, car contrairement à la génomique du maïs, celle du blé est très complexe. Aujourd’hui, ce défi est en train d’être relevé, notamment par les semenciers les plus importants. Ce dont se réjouit le Dr Sanjaya Rajaram. « Bayer CropScience a décidé d’investir 100 millions de dollars par an pendant les dix prochaines années dans son programme d’amélioration du blé », confirme Catherine Feuillet, coordonnatrice du projet Blé pour le Groupe Bayer.
Les travaux de cette ancienne directrice de recherche à l’Inra de Clermont-Crouël, qui portaient sur la compréhension des mécanismes de résistance aux maladies et l’analyse de la structure et de l’évolution des génomes du blé, ne sont visiblement pas passés inaperçus chez nos voisins allemands…
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