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Pour le CIRC, le glyphosate serait moins dangereux que les saucisses et le jambon

Alors que la Commission européenne s’apprête à voter le 13 octobre 2023 pour le renouvellement du glyphosate pour une durée de dix ans, retour sur le décryptage du rapport du CIRC publié en 2015 [ première publication de l’article décembre 2015]

Bonne nouvelle pour Monsanto : le glyphosate serait finalement moins dangereux que les saucisses et le jambon ! C’est en tout cas ce qui ressort des récents travaux du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui ont fait l’objet d’une publication dans la célèbre revue The Lancet. En effet, le CIRC a classé la consommation de produits carnés transformés (jambon, saucisses, corned-beef, lanières de bœuf séché, viandes en conserve et sauces à base de viande) dans son Groupe 1 (cancérogène pour l’homme). Et selon les experts de l’agence d’évaluation spécialisée de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « chaque portion de 50 grammes de viande transformée et consommée quotidiennement accroît le risque de cancer colorectal de 18% ». La consommation de ces produits carnés transformés (dont la charcuterie) a donc été classée plus sévèrement que le désherbant glyphosate, qui figure dans le Groupe 2A (cancérogène probable), aux côtés de la viande de mammifère (bœuf, veau, porc, agneau, mouton, cheval et chèvre).

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Dessin de CRichard

Réactions variées

Heureusement, la fougueuse ministre de l’Environnement Ségolène Royal, qui avait immédiatement réagi à l’annonce du classement du glyphosate en souhaitant son interdiction « en libre-service », ne semble pas vouloir imposer la même mesure pour le jambon et les saucisses… Même Europe-Écologie-Les-Verts s’est montré très modéré dans sa réaction, en proposant simplement d’instaurer une « journée sans viande » dans toutes les cantines scolaires… alors qu’il milite pour une interdiction totale du glyphosate ! En France, on traite le saucisson avec beaucoup plus de clémence que les produits maudits des agrochimistes…

Pour sa part, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a mis en garde contre l’affolement que pourrait susciter la diffusion brute de telles informations. « Je ne veux pas qu’un rapport comme celui-là mette encore plus la panique chez les gens », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec la presse.

Degré d’indication de cancérogénicité

Il a parfaitement raison. En effet, la viande rouge et la viande transformée font partie de la liste des 983 substances analysées par le CIRC. Or, l’agence située à Lyon estime qu’à des degrés divers, non moins de 479 de ces substances seraient potentiellement cancérogènes pour l’homme (Groupes 1 et 2), tandis que pour 503 autres, il n’y aurait aucune évidence dans un sens comme dans l’autre, d’où leur classement dans le Groupe 3 (inclassable). Au final, seule une substance ne serait « probablement pas cancérogène pour l’Homme » (Groupe 4). Il s’agit du caprolactame, un monomère de synthèse produit par BASF.

Selon les critères du CIRC, boire du vin, du maté ou du café, et manger du poisson fumé, de la nourriture grillée ou des légumes marinés selon la tradition asiatique, augmenterait le risque d’avoir un cancer, au même titre qu’être exposé au tabagisme, aux gaz d’échappement des moteurs diesel, et aux rayons ultraviolets, solaires ou gamma.

En réalité, l’objet du classement du CIRC ne consiste pas à définir la dangerosité d’une substance, voire à hiérarchiser son risque, qui dépend de multiples facteurs (notamment le niveau réel d’exposition aux substances), mais d’évaluer la qualité des études existantes qui ont été consacrées à une substance afin de définir son « degré d’indication de cancérogénicité ». Celui du Groupe 2 (dans lequel figurent le glyphosate et la viande de mammifère) est caractérisé par des « indications de cancérogénicité limitées ». C’est-à-dire « une association positive » entre l’exposition à l’agent considéré et la survenue de cancers, mais sans qu’il soit « possible d’exclure avec suffisamment de certitude que le hasard, des biais ou des facteurs de confusion puissent jouer un rôle ».

Et ce qui est valable pour la viande l’est bien entendu pour le glyphosate. Une petite précision loin d’être inutile…

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