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Une insulte au monde agricole !

À la veille de l’examen en deuxième lecture du projet de loi biodiversité, au cours duquel un amendement pour interdire les insecticides de la famille des néonicotinoïdes a été présenté, un collectif d’associations écologistes a publié un catalogue à la Prévert d’« alternatives techniques n’ayant pas recours à la chimie de synthèse ».

Céréales d’hiver, maïs, betteraves, colza, pommes de terre et arboriculture bénéficient ainsi des bons conseils d’associations aussi proches du métier d’agriculteur que ne l’est un moniteur de plongée sous-marine. Que ce soit les écolos-bobos d’Agir pour l’Environnement, de Greenpeace ou de Générations Futures, ou les passionnés de bécasseaux falcinelles ou d’albatros à sourcils noirs, membres de la LPO ou de France Nature Environnement, ces militants ne testeront jamais dans la vraie vie ce qu’ils osent proposer aux agriculteurs. Il est vrai que la Confédération paysanne figure, elle aussi, parmi les cosignataires. Mais sa représentativité diminue d’année en année : en 2013, elle est tombée à moins de 20 % aux élections des chambres d’agriculture, contre 26,82 % en 2001. Et pour défendre sa cause lors d’une conférence de presse organisée au Sénat par l’incontournable sénateur du Morbihan Joël Labbé, le syndicat paysan n’a pas trouvé de professionnels plus qualifiés qu’un « agriculteur généraliste à la retraite », Valentin Beauval, et qu’Emmanuel Aze, son porte-parole en charge des pesticides. Ce nouvel expert, producteur fruitier dans le Lot-et-Garonne, a confié au site Reporterre avoir perdu entre 80 % et 90 % de ses récoltes de cerises et d’abricots depuis deux ans, faute d’avoir voulu utiliser des moyens de protection adaptés ! Un bel exemple de réussite agronomique…

La lecture du document du collectif est sidérante : pour le maïs et la betterave, les « conseillers » écolos préconisent d’« éviter le semis trop précoce quand la terre est trop froide », et pour les céréales d’hiver, ils proposent d’« introduire dans la rotation des cultures peu sensibles au taupin »… Autres perles : la recommandation de l’usage du purin de fougère pour lutter contre le taupin dans les cultures de pommes de terre, et le conseil donné aux arboriculteurs d’avoir « une bonne connaissance du fonctionnement de l’arbre ». Les professionnels apprécieront…

« Ces propos relèvent soit de l’ignorance, soit de la tromperie », a réagi l’Association générale des producteurs de blé (AGPB), qui note que « les solutions alternatives vantées par les partisans de l’interdiction sont théoriques, [que] leur mise en œuvre peut être empêchée, notamment par les conditions climatiques, [et que] leur efficacité dépend elle aussi des conditions climatiques, ainsi que de la nature et de l’intensité des attaques des ravageurs à combattre ». Bref, « ces questions aux implications agronomiques, économiques et environnementales multiples ne peuvent être abordées de manière simpliste », relève le syndicat des producteurs de céréales à paille. L’AGPB aurait pu ajouter que ce catalogue de recettes n’est rien d’autre qu’une insulte au monde agricole, à ses instituts techniques et à l’ensemble des professionnels des filières qui sont au service des producteurs.

Fort heureusement, les sénateurs ne se sont pas laissé berner par ces illusionnistes écolo-bobos…

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