Quelles seraient les 5 premières mesures que votre candidat compte mettre en œuvre pour relancer les filières en difficulté, en notamment l’élevage ?
Le plus urgent, c’est de libérer les entreprises agricoles de ce qui les étouffe. Je veux supprimer par ordonnance toutes les normes et règles qui dépassent les exigences européennes, simplifier le droit de l’entreprise agricole en permettant à ceux qui le souhaitent d’opter pour un statut unique pour toutes leurs activités et abaisser les charges qui pèsent sur les entreprises et sur leurs salariés en finançant une partie de la protection sociale par les recettes de la TVA.
Il faut en même temps donner aux agriculteurs les moyens de faire face aux aléas climatiques, sanitaires et économiques qui les frappent plus que tout autre secteur. Je veux permettre la création d’un compte épargne « aléas climatiques et économiques » alimenté librement pendant les années de bonne récolte, simple d’emploi et utilisable en cas de pertes d’exploitation.
Mais le plus important, c’est que les entreprises agricoles, en particulier les élevages, retrouvent des marges et des prix équitables et qu’elles aient toute leur place dans la négociation avec les distributeurs. La production ne peut pas être la variable d’ajustement qui permet de conserver des prix bas. Je veux que la négociation entre les producteurs et les industriels ait obligatoirement lieu avant que les prix ne soient fixés entre les industriels et les distributeurs et qu’elle prenne en compte la réalité des prix de revient.
La recherche agronomique a toujours été un vecteur de développement de l’agriculture. Mais aujourd’hui, elle semble en panne. Est-ce toujours une priorité et si oui, comment peut-on la promouvoir ?
Redonner à la recherche agronomique la voie de l’audace, de l’innovation et du pragmatisme est essentiel pour moi. Nous devons accélérer les programmes de recherche dans des domaines où peuvent être obtenus des progrès décisifs pour certaines filières, par exemple la recherche sur les cultures protéagineuses, pour en finir avec la dépendance en protéines végétales, ou encore la recherche de variétés résistantes aux maladies et aux parasites, moins gourmandes en produits phytosanitaires.
C’est à ces innovations indispensables à l’amélioration des performances agricoles et à la sécurité alimentaire que nos organismes de recherche publics doivent se consacrer, avec l’appui des instituts techniques de chaque filière.
Je compte aussi sur les agriculteurs eux-mêmes, qui savent parfaitement innover pour s’améliorer. Je veux enfin rendre éligibles au Crédit Impôt recherche des projets de recherche ou d’expérimentation labellisés dans les exploitations, notamment sur les pratiques agricoles, pour faire de chaque agriculteur un « paysan-chercheur ».
Quelle est votre position sur les biotechnologies en général (OGM) et plus particulièrement sur la sélection assistée par marqueurs, sur la mutagénèse, et sur les nouvelles méthodes d’édition et de corrections du génome (Crispr/Cas9).
La France a pris du retard dans la recherche en génétique et sur les biotechnologies ; le principe de précaution a été appliqué sans discernement et a stérilisé ce secteur d’avenir de la recherche agronomique. Nous devons rendre aux chercheurs la liberté de chercher et d’expérimenter. Nous devons aussi réécrire le principe de précaution pour favoriser l’innovation responsable.
Le monde agricole se sent paralysé par l’excès de norme. Comptez-vous mettre en œuvre une simplification des normes et si oui comment ?
Nous avons surajouté un très grand nombre de contraintes aux exigences européennes, en particulier dans le domaine de l’environnement. Il n’est ni admissible ni justifié que les agriculteurs français subissent des contraintes plus sévères que les agriculteurs des autres pays européens. Notre règlementation est devenue si complexe que même les services administratifs hésitent sur son application et ne sont pas capables d’en démontrer les effets positifs.
C’est une distorsion de concurrence et une entrave insupportable à l’activité. Je veux prendre très vite une ordonnance pour ramener la règlementation française au niveau des exigences communautaires, en supprimant, avec l’appui du CORENA, le Comité de révision des normes, toutes les règles surtransposées ou surajoutées.
Les incertitudes économiques n’ont jamais été aussi fortes avec une valse de prix agricoles extrêmes. Comment envisagez-vous de stabiliser et d’augmenter le revenu des agriculteurs ?
Nous devons retrouver des prix justes et des conditions de marché équilibrées. Il est nécessaire aussi de réformer notre droit européen de la concurrence qui ne protège que le consommateur et qui n’est plus adapté à la réalité économique d’aujourd’hui.
La PAC 2020 sera fondée sur la gestion des risques et sur le soutien à l’investissement, en ne s’interdisant aucun mode d’intervention et en maintenant à l’euro près le budget actuel. Je veux réformer le droit de la concurrence et appliquer systématiquement la préférence communautaire pour que l’Europe défende les agriculteurs européens.
Les relations commerciales et les accords d’échanges bilatéraux doivent être négociés sur la base d’échanges équitables et sur l’équivalence des soutiens internes, tant des prix que des coûts (par exemple les distorsions des charges salariales). Nous devrons bâtir ces outils de la nouvelle PAC sans complexe, et sans autocensure vis-à-vis des règles de l’OMC que nombre de nos concurrents ne respectent pas.