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Covid-19: la science au cœur des décisions publiques

S’il est encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions de cette crise ( Covid-19) inédite que traverse l’humanité, quelques enseignements se dégagent d’ores et déjà.

Tout d’abord, il est devenu évident qu’avec la santé, l’énergie et les communications, l’alimentation demeure un secteur hautement stratégique. Ainsi que le note le sénateur LR de la Haute-Loire Laurent Duplomb, si hier encore certains conspuaient l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, « on se rend compte aujourd’hui qu’on a besoin de tous les modèles». Grâce à ses points de vente répartis dans toutes les métropoles, c’est bien la grande distribution qui permet de fournir à la population des villes ses besoins en denrées alimentaires et produits de première nécessité. Or, sachant que plus de 80% de la population est citadine, le pari n’était pas gagné d’avance. En revanche, privés de leur marché en raison de la désorganisation due au confinement, les fournisseurs de la restauration collective (écoles et entreprises) se retrouvent de facto fragilisés, avec, pour certains d’entre eux, une gestion de stocks d’invendus. En outre, faute de personnel dans les champs, les productions nécessitant une forte main-d’œuvre montrent leurs limites, tandis que les secteurs mécanisés s’en sortent mieux.

Ensuite, nous assistons à une prise de conscience du rôle de la science, notre meilleure alliée face à ce virus. Le nombre de gens sauvés de l’épidémie dépend clairement de la disponibilité d’instruments hautement sophistiqués comme les respirateurs artificiels, tandis que la recherche, privée comme publique, se mobilise pour trouver un traitement curatif à partir d’une molécule de synthèse, ou, mieux encore, un vaccin. Le cas de l’emballement enthousiaste d’une partie de la population – y compris au sein des écologistes – au sujet de la chloroquine, constitue en revanche un curieux paradoxe. Fini le principe de précaution, fini le besoin d’études pour vérifier si «ça marche», fini le procès contre les géants de la chimie en général et contre Bayer, à l’origine de cette molécule, en particulier, la seule crainte de la mort – pourtant très hypothétique pour l’immense majorité – suffirait pour décider sans attendre.

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Enfin, nous souhaitons tous que l’expertise – celle qui est affranchie des considérations financières et idéologiques – soit remise au cœur des décisions politiques. Le gouvernement l’a parfaitement intégré, puisque les mesures prises – sans toujours être bien comprises par la population – le sont en coordination avec des comités d’experts. Cela devrait servir d’exemple en temps de paix comme en temps de crise. Loin de l’idée que soit pour autant instauré un « gouvernement d’experts », les décisions doivent en effet demeurer le fait du législateur. Mais un législateur éclairé, à l’abri des pseudo-sciences qui fleurissent nécessairement en des temps d’angoisse. Une fois la crise terminée, il sera temps de faire un bilan et de corriger nos erreurs, afin que, riches de notre expérience et de celle de nos voisins, nous soyons en mesure de prévenir de façon optimale l’inévitable prochaine crise. Comme a su le faire la Corée du Sud, ce « dragon asiatique », désormais présenté par de nombreux écologistes comme un modèle à suivre, alors qu’il s’agit d’un pays fortement industrialisé avec une densité de population six fois supérieure à celle de la France !

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