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Le conflit ukrainien sonne le retour à la réalité

Avec le bruit des bottes russes sur le sol ukrainien, le monde a basculé dans une nouvelle époque. Une époque où tous les projets de décroissance dans le domaine agricole se révèlent pour ce qu’ils sont : des projets irresponsables mettant en péril la sécurité alimentaire de millions de citoyens, jusque et y compris à l’autre bout de la planète.

Ainsi a-t-on appris par Agra Presse que le gouvernement argentin va subventionner le prix d’achat des meuniers avec des fonds prélevés à l’export aux frais des céréaliers, afin de limiter la hausse du prix du pain dans le pays. En Égypte, le gouvernement a quant à lui annulé à plusieurs reprises des commandes de blé à cause des prix trop élevés, tandis que près des trois quarts de la production de blé du Maroc est mise à mal en raison de la sécheresse. 

L’Allemagne, actuellement à la tête de la présidence tournante du G7, a décidé de convier d’urgence les ministres de l’Agriculture à une réunion virtuelle, mue par la crainte que des pénuries puissent entraîner des bouleversements politiques majeurs dans les mois à venir, en particulier dans les pays du pourtour méditerranéen. Anticipant l’arrêt « probable » d’une partie des exportations de céréales russes et ukrainiennes, Julien Denormandie estime donc, avec raison, que l’Europe doit « assumer sa mission nourricière (…) pour pouvoir également accompagner d’autres pays qui n’ont rien à voir avec le conflit mais qui se voient impacter dans leur possibilité d’accès à l’alimentation ». 

La réalité ukrainienne concourt ainsi à réévaluer la stratégie européenne telle qu’elle est inscrite dans la stratégie « Farm to Fork », et c’est dans cet esprit qu’une lettre publiée le 9 mars par Norbert Lins, président de la commission de l’agriculture du Parlement européen, appelle la Commission européenne à revoir sa copie « afin d’apporter des adaptations nécessaires aux nouvelles circonstances ».

Au sein de la clique des associations écologistes et décroissantes – les mêmes qui ont plaidé pour l’abandon du nucléaire au profit du gaz et du pétrole –, on s’inquiète fortement du futur de « Farm to Fork ». « Le productivisme agricole est le problème, pas la solution », clame ainsi la Confédération paysanne, tandis que Générations Futures, signataire d’une lettre ouverte au président de la République, accuse la FNSEA d’être le porte-étendard de l’agriculture industrielle et de « s’engouffrer dans la brèche créée par la guerre ». Or, le simple fait de voir ces associations venir au secours du Green Deal en dit davantage sur son contenu que toutes les analyses économiques : il s’agit bel et bien de conduire l’Union européenne vers une politique de décroissance, et par conséquent de dépendance, y compris dans le domaine agricole. 

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