Une étude particulièrement passionnante, publiée le 30 janvier dernier par Plant Biotechnology Journal, confirme le potentiel révolutionnaire des nouvelles techniques d’édition de précision (les fameuses NGT, pour « nouvelles techniques génomiques).
Dans ce cas précis, il s’agit de travaux conduits par l’équipe de Jean-Luc Gallois à l’Inrae d’Avignon pour rendre des plantes d’intérêts agronomiques résistantes aux virus. Ayant observé que, chez certains pois et piments, une simple mutation sur une protéine – indispensable aux virus pour l’infecter – faisait que l’utilisation de cette protéine par le virus devenait impossible, tout en permettant à la plante de vivre sa vie normalement, les chercheurs ont appliqué cette transformation en modifiant le gène qui rend une tomate cerise sensible aux virus. En utilisant la technique de Crispr-Cas9, ils ont ainsi pu cibler avec une précision inédite deux régions de ce gène sans que cela n’affecte sa fonction, voire même ne modifie son expression.
« Ces changements lui octroient une résistance forte à plusieurs virus du genre potyvirus, dont le PVY », précise Jean-Luc Gallois. « En parvenant à rendre leur tomate cerise résistante à ces virus agressifs, les chercheurs de l’Inrae estiment avoir mis le doigt sur “une preuve de concept” : en l’occurrence “la possibilité de reproduire des résistances naturelles chez des espèces sensibles et ainsi de limiter l’utilisation des pesticides” », s’enthousiasme Frédéric Mouchon, journaliste au Parisien. Et il a parfaitement raison, car cela démontre une fois de plus l’immense champ des possibles qu’ouvrent ces nouvelles techniques de modifications ciblées du génome des plantes. Indispensables à l’avenir de l’agriculture, elles vont ainsi permettre de résoudre de très nombreux cas d’impasses techniques concernant la prolifération de virus, anciens comme nouveaux.
Or, curieusement, les résultats de cette fascinante étude, qui a pourtant fait l’objet d’un communiqué de presse de l’Inrae dès sa publication, semblent n’avoir suscité que l’indifférence totale de la plupart des médias nationaux. Quant au lobby antipesticides, qui devrait se réjouir de ces nouvelles perspectives, il est, lui aussi, resté totalement silencieux.
Comment expliquer ce mutisme bien singulier ? Tout simplement parce que ces résultats mettent à mal l’un des principaux dogmes de la mouvance écolo-radicale, qui consiste à réfuter le fait que la science peut apporter des solutions aux différents problèmes auxquels la société moderne doit faire face. Un point de vue clairement partagé par certains journalistes technophobes, en particulier par un célèbre chroniqueur du Monde, enfermé dans son triste univers de décroissance et de sobriété.