Le 27 février dernier, à l’occasion du Salon de l’agriculture, la Première ministre Élisabeth Borne avait annoncé son « plan phyto » comme un « plan d’action stratégique pour l’anticipation du retrait des substances actives et le développement de techniques alternatives de protection des cultures ». Une annonce qui fut plutôt bien reçue par les professionnels, las de se retrouver dans des impasses techniques dues aux avalanches de retraits d’AMM que connaît le secteur agricole depuis de nombreuses années.
« Je veux être claire : en matière de produits phytosanitaires, nous respecterons désormais le cadre européen et rien que le cadre européen et nous ne créerons aucune distorsion de réglementation pour nos producteurs », avait-elle alors martelé.
Hélas, le retrait de treize AMM concernant des solutions à base de S-métolachlore imposé unilatéralement par l’Anses, et ceci avec l’aval du cabinet de Mme Borne, démontre que, comme le déplore dans un tweet de Céline Duroc, la directrice de l’AGPM, « la nouvelle méthode, c’est déjà du passé ». « En production de maïs semences, c’est l’impasse totale pour le désherbage de prélevée », réagit Julien Laurent, agriculteur du Lot-et-Garonne, producteur de semences et de pruneaux. Encore une fois, le beau slogan « pas d’interdictions sans solutions » n’est pas d’actualité.
Certes, le sort du S-métolachlore semble bien être définitivement scellé puisqu’il est attendu que la Commission européenne propose également son retrait. Sauf que l’agenda européen n’est toujours pas celui de la France. Face à cette réalité, la France se prépare à sortir son éternelle botte secrète : vouloir aligner le reste de l’Europe sur son propre agenda. Matignon a donc indiqué vouloir saisir le prochain comité de gestion des substances actives de la Commission européenne des 24 et 25 mai pour demander une interdiction « sans délai sur le retrait de la substance ».« Il suffit qu’une minorité d’États membres se mobilisent contre la proposition de la Commission pour que ce dossier puisse traîner et rendre possibles des utilisations de la molécule a minima jusqu’en 2025 », relativise une source proche du dossier, alors que, comme l’admettent les services de Marc Fesneau, les agriculteurs français ne pourront l’utiliser, en raison des différents délais, que, au maximum, « jusqu’en octobre 2024 ». « Tout porte donc à croire que, dans le meilleur des cas, il y aura un an d’utilisation supplémentaire dans d’autres pays de l’UE », déplore Arnaud Rousseau, le président de la Fnsea. Du côté de Matignon, on lui aurait promis-juré que c’était « le dernier sujet dans les cartons, [et qu’] il n’y en aura plus de nouveau ». À confirmer…