Alors que les précipitations abondantes de mai et juin ont largement rempli les retenues d’eau du Sud Ouest, le député LFI de la Gironde Loïc Prud’homme s’est lancé dans une nouvelle croisade contre la culture de maïs, visant en particulier celle qui est irriguée
Le 20 juin, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à l’Assemblée nationale, le député de La France insoumise a en effet présenté sa proposition de loi, dont le seul et unique article propose d’interdire toutes formes d’irrigation du maïs au 1er janvier 2027, avec une dérogation de trois ans permettant « l’irrigation d’une surface forfaitaire de dix hectares par exploitation et par année », et cela « pour faciliter la transition », a-t-il précisé.
Son raisonnement, assez simple, se décline en quatre mouvements : 1) le changement climatique va provoquer des pénuries de l’eau, qu’il faudra donc mieux partager ; 2) le modèle agricole actuel en général, et la production de maïs en particulier, sont fondés « sur une surexploitation de la ressource » ; 3) la production de maïs étant principalement dédiée aux élevages (alors qu’il faut réduire la consommation de viande) et aux exportations (ce qui lui semble futile), elle ne participe que très modérément à la souveraineté alimentaire de notre pays ; 4) par conséquent, les cultures de maïs sont inutiles, voire néfastes, et il faut donc en interdire l’irrigation.
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Grand seigneur, le député Loïc Prud’homme propose naturellement d’« accompagner » tous ces malheureux producteurs qui se sont engagés dans le maïs irrigué – environ 40 % des surfaces –, afin qu’ils adoptent un parcours agronomique vertueux, c’est-à-dire vers « une agriculture nourricière », en mettant un terme au « modèle agricole productiviste » qui est « le résultat des politiques publiques mises en place au cours des dernières décennies ».
La révolution agricole de LFI
Comme alternative, le député LFI souhaite reconstruire un « maillage d’exploitations en polyculture-élevage extensif » reposant sur « la déspécialisation des territoires agricoles ». Et « afin de favoriser la meilleure adaptabilité des cultures aux différentes réalités des territoires », il propose de soutenir les semences paysannes, celles qui ne sont pas issues de la recherche variétale de l’industrie de la semence. « Le maïs population multiplié en pollinisation libre au champ représente ainsi une alternative à expérimenter plus largement pour aller vers la sortie de l’irrigation du maïs », précise-t-il ainsi.
Cette mutation doit s’accompagner également d’une « désintensification des élevages », avec pour objectif la « réduction planifiée de notre production animale », comme « le préconise le dernier rapport de la Cour des comptes ».
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Bref, un projet agricole qui se résume à moins de maïs, moins d’élevage et moins de viande. Et tenez, puisqu’on importe 71 % de nos fruits et 28 % de nos légumes, pourquoi ne pas recycler les producteurs de maïs irrigué dans la production de salades et de tomates ? Certes, Loïc Prud’homme est conscient de la nécessité de développer les cultures d’hiver (blé, orge), de printemps (sorgho) ou encore les cultures de protéagineux (pois, féveroles, lupin, luzerne), mais de préférence en se passant des produits de protection des plantes. De la part d’un militant engagé en faveur d’une réduction drastique de tous ces produits et pour une réforme du processus de mise sur le marché – il accuse l’Anses de « délivrer des permis d’empoisonner » –, on peut supposer que cette interdiction sera complétée par beaucoup d’autres. On l’aura compris : cette proposition de loi s’inscrit en réalité dans la grande réforme agricole prônée par le parti de Mélenchon, qui s’inscrit elle-même dans le contexte plus large d’une révolution radicale du modèle économique. On reviendrait ainsi à une forme d’autosuffisance agricole, avec une armée de petits producteurs protégés de la spéculation des marchés.
Un programme légèrement hors-sol qui n’a pas suscité grand intérêt, comme en a témoigné l’absence totale de confrères journalistes à cette conférence de presse…