Plan Écophyto : quand Elisabeth Borne promettait de ne pas laisser les agriculteurs sans solutions … il semblerait plutôt que la France veuille (comme d’habitude) aller au-delà des exigences du reste de l’Union Européenne !
Lors du dernier Salon d’agriculture, au mois de février dernier, la première ministre Élisabeth Born a annoncé une nouvelle approche concernant le dossier des produits phytosanitaires.
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C’était terminé avec les objectifs chiffrés : -50%, moins 30%, et cetera. Là, la philosophie, c’est : « pas d’interdiction sans solution ». Elle répondait effectivement bien aux préoccupations du monde agricole. Alors, on est au moins de juillet, on en est où exactement. Et là où ça se gâte, c’est que la première chose que le gouvernement a fait, c’est établir une liste de 75 molécules censées disparaître dans les cinq prochaines années. Et donc elle demande aux instituts techniques de trouver immédiatement et dans un laps de temps très court des alternatives.
Or, quand on fait un tour de table auprès des firmes phytosanitaires qui sont propriétaires de ces molécules, elles disent toutes que sur l’immense majorité, elles estiment que ce sont des molécules utiles à l’agriculture et qu’elles peuvent parfaitement remplir les critères qui sont exigés par les agences sanitaires.
Donc, comment se fait-il que le gouvernement a d’ores et déjà établi une liste de 75 molécules ? D’où ça vient ? Quels sont les critères ? Et pourquoi demander aux instituts de trouver des alternatives aussi rapidement ?
Ensuite, il y a effectivement quelques molécules qui ne seront pas soutenues par les entreprises et donc qui seront interdites. Mais c’est peut-être cinq ou dix et dans certains cas, le comble, comme pour le cas du Movento, par exemple, il existe une alternative très simple il suffirait de réhomologuer des matières actives qui sont interdites en France (le sulfoxaflor, le flupyradifurone), mais autorisées dans le reste de l’Europe. Et donc de tenir la promesse d’Elisabeth Borne que la France reste dorénavant dans le cadre européen et strictement européen.
En fait, cette approche que nous sommes en train de voir, révélée par le gouvernement, suggère plutôt que, encore une fois, la France veut faire cavalier seul et aller au-delà des exigences du reste de l’Union européenne.
Aujourd’hui, plusieurs filières agricoles sont très inquiètes de cette approche. Il me semble indispensable que le Ministre de l’agriculture soit à l’écoute réellement des filières et qu’il ne se laisse pas entraîner dans une voie qui va encore créer des problèmes.