Entretien de Gil Rivière-Wekstein, responsable éditorial d’Agriculture et Environnement, avec Jean-Jacques Pons – Directeur Général BASF France Division Agro
Gil Rivière-Wekstein : Nous sommes aux Culturales. Bientôt la Première ministre va annoncer le plan, son plan sur les produits phytosanitaires. Tes premières réactions par rapport à ce plan parce que c’est visiblement pas d’interdiction sans solutions. Ça reprend un petit peu ce que veut la profession, plutôt satisfait ?
Jean-Jacques Pons : Plutôt inquiet, alors que le plan part vraiment d’un bon sentiment pour anticiper les évolutions de demande. Mais inquiet parce qu’aujourd’hui nous sommes en pleine transition dans nos métiers apporteur de solutions aux agriculteurs. Transition qui demande énormément d’investissements pour assurer des solutions pour demain. Ces investissements, ils sont aujourd’hui financés par nos solutions d’aujourd’hui. Si ces solutions disparaissent trop vite, on n’aura pas les moyens de financer les solutions de demain. Donc, ce qu’on demande aujourd’hui c’est de prendre le temps nécessaire de bien analyser la situation avec, dans le cadre de ce plan Borne. Aussi, d’être associés à la discussion de façon à apporter aussi notre vision des solutions de de main, de façon à ce qu’on prenne le temps et qu’on ne mette pas les agriculteurs dans l’impasse.
Voir aussi : Plan Écophyto : où en est la promesse d’Elisabeth Borne ne pas laisser les agriculteurs sans solution
GRW : Alors, vous avez des solutions disruptives, d’après ce que j’ai pu comprendre, tu peux donner un ou deux exemples de ce qui pourrait être disruptif par rapport à ce qu’on connaît aujourd’hui ?
JJP : Donc j’ai deux exemples en tête (même s’il y en a plusieurs) : Le premier concerne les approches de protection des plantes telles qu’on les connaît aujourd’hui, où on ne vend plus de produits, mais on vend le résultat à l’agriculteur. Conséquence : on arrive à réduire l’application du produit de 20% rien que par ce nouveau modèle économique. Donc là, on est réellement apporteur de solutions. Mais ça demande beaucoup de changements dans l’ensemble de la chaîne jusqu’à l’agriculteur. Et tout ça se met en place actuellement. Deuxième exemple, c’est la décarbonation. C’est un enjeu majeur, à côté de la souveraineté, il y a aussi l’enjeu du défi climatique. Et nous, en tant qu’apporteurs de solutions aux agriculteurs, on a aussi un rôle à jouer, un rôle à jouer sur, notamment, la réduction de l’application d’engrais azotés qui est le principal vecteur de gaz à effet de cette au niveau des agriculteurs. Et là aussi on agit, au travers de nos solutions fongicides qui réduisent la capacité d’apport d’engrais azotés ou qui améliorent l’absorption de l’azote par la plante. Et le deuxième aspect, c’est qu’on a aussi des réducteurs de nitrification qui permettent là aussi de réduire l’apport azoté pour avoir un même rendement.
GRW : Et cette réduction on peut la chiffrer déjà ?
JJP : Notre objectif est réellement de réduire de 30% les émissions de CO2 par tonne produite à horizon 2030 et on sera en capacité de le faire.
GRW : Très bien, ça semble être de très bonnes nouvelles à annoncer prochainement.