L’affichage environnemental Planet-score se veut « totalement indépendant ». Une revendication démentie par les faits
Dans un communiqué daté du 31 mai, le Planet-score, étiquetage qui vise à informer sur l’impact environnemental des denrées alimentaires, a annoncé qu’il comptait aller plus loin dans la transparence. Ainsi, outre les affichages « Pesticides », « Biodiversité » et « Climat », ce référentiel veut désormais intégrer les dimensions liées « à la juste rémunération des producteurs, à l’ultra-transformation et à l’origine des produits ». Pourquoi pas ?
Conçu il y a deux ans, le Planet-score se vante d’avoir convaincu plus de deux cents marques de « saisir les grands enjeux environnementaux, évaluer et améliorer leurs produits », et revendique des entreprises partenaires dans douze pays. Si on l’en croit, ce serait même « la seule étiquette totalement indépendante et exigeante qui lutte contre le greenwashing ».
Au service du lobby du bio
Or, on peut raisonnablement s’interroger sur la réelle indépendance de ce référentiel, créé pour donner davantage de visibilité aux produits issus de l’agriculture biologique. La porte-parole du Planet-score, Sabine Bonnot, a beau se montrer rassurante en expliquant que « le calibrage est initié avec des scientifiques et des experts de la société civile », il n’empêche que le profil des acteurs soutenant le Planet-score ne laisse place à aucun doute. On trouve en effet dans ses rangs les principales figures du business du bio comme Biocoop, Naturalia (Monoprix) et La Vie Claire, ou encore le Synabio, ainsi qu’une brochette d’associations militantes anti-agriculture conventionnelle comme Générations Futures, Bio Consom’acteurs et Agir pour l’environnement, dont l’un des responsables, Jacques Caplat, préside la branche française de l’Ifoam, principal lobby du bio. Quant à Sabine Bonnot qui est aux manettes du projet, cette arboricultrice bio du Gers est elle-même présidente de l’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques (Itab), l’organisme qui a constitué l’équipe des « experts » pour mettre en place le référentiel.
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Membre depuis de nombreuses années de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), Sabine Bonnot est une militante active pour la promotion de l’agriculture biologique. Par ailleurs coresponsable de la commission Agriculture et Ruralité d’Europe Écologie-Les Verts (EÉLV), elle s’est appuyée sur ses bonnes relations avec les députés écologistes pour effectuer un lobbying efficace sur le Planet-score auprès des institutions européennes.
Ainsi, en juin 2022, une séance de travail a été organisée avec des représentants de plusieurs directions générales de la Commission européenne grâce aux eurodéputés EÉLV Benoît Biteau, Michèle Rivasi et Claude Gruffat, par ailleurs ancien PDG de Biocoop. Cinq mois plus tard, ces mêmes eurodéputés, encadrés par Sabine Bonnot, ont participé à une opération de communication en faveur du Planet-score en réalisant des étiquetages dans un supermarché.
La rigueur scientifique mise en cause
Paradoxalement, les premières critiques du Planet-score sont apparues en décembre 2022, lors d’un conflit sur la gestion de l’Itab, mise en cause par un collectif d’anciens salariés de l’institut. Ceux-ci ont notamment remis en question « la rigueur scientifique » du Planet-score – comme le mélange entre références scientifiques et références militantes – et ses objectifs, qui seraient, selon eux, « guidés par la volonté de montrer de meilleurs scores en agriculture biologique qu’en agriculture conventionnelle ».
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À l’époque, les signataires du manifeste s’interrogeaient également sur la compatibilité concernant les « activités lucratives liées au déploiement de Planet-score » et les activités de l’Itab, une association loi 1901 à but non lucratif. Ce qui a certainement été à l’origine, en mars 2023, de la création d’une société, la SAS Planet-score, ayant pour actionnaires l’Itab, Hélène Rontani (PDG d’un réseau d’investisseurs baptisé « Very Good Future »), Antoine Perrin (ex-Salsify), et… Sabine Bonnot ainsi que son mari Stéphane. Sans surprise, la SAS est présidée par Sabine Bonnot, qui a déposé la marque « Planet-score » à l’Institut national de la propriété industrielle.
En fin de compte, Planet-score apparaît aujourd’hui comme une affaire gérée par une militante engagée, qui n’hésite pas, lorsque l’occasion se présente, à reprendre les attaques classiques contre l’agriculture conventionnelle, responsable selon elle de « la forte augmentation des maladies chroniques ». Bref, rien de très rassurant n’émane de ce mélange de genres entre activités lucratives, politiques et militantes.