Faute de pouvoir prétendre que la France manque d’eau, les militants antibassines ont changé leurs éléments de langage, accusant désormais les retenues d’eau de « dérégler le cycle naturel de l’eau »
Le samedi 11 mai, les militants écologistes hostiles aux retenues d’eau étaient à nouveau de sortie. Pour dénoncer, cette fois, deux projets situés en Auvergne, respectivement de 14 et de 18 hectares, destinés à irriguer 800 hectares de cultures dans la plaine de la Limagne.
Une action saugrenue au moment où la situation des nappes phréatiques françaises n’a jamais été aussi bonne, en raison des pluies interminables de ces derniers mois, à l’exception du département des Pyrénées-Orientales. Ainsi, selon le Bureau de recherches géologiques et minières, au 1er mai, 65 % des nappes métropolitaines se situaient au-dessus des normales, dont 21 % avec des niveaux très hauts.
Difficile, dans ces conditions, de faire croire que la sobriété hydrique serait la solution à la problématique de l’eau. D’où le changement observé dans les éléments de langage des organisateurs de l’événement, à savoir les Soulèvements de la terre, Extinction Rebellion, les Faucheurs Volontaires d’OGM et les antennes locales de la Confédération paysanne et de Bassines non merci : désormais, ces associations reprochent aux retenues d’eau ni plus ni moins que de « dérégler le cycle de l’eau » !
« Le sujet, c’est pas de faire du stockage de l’eau qui nous exonère de revisiter l’aménagement du territoire et de repenser le grand cycle de l’eau », expliquait ainsi sur BFM l’eurodéputé Benoît Biteau, pour qui le seul stockage acceptable est celui des nappes souterraines naturelles.
Également présente, la députée LFI Clémence Guetté dénonçait, pour sa part, « l’intention du gouvernement d’accompagner l’agrobusiness au détriment des petits agriculteurs », tandis que la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, qui a toujours un train de retard, estimait que « construire des mégabassines, c’est ignorer le problème de fond : la rareté de l’eau [sic] ». Et de condamner sans appel un projet qui représente « l’équivalent de 613 piscines olympiques » en recourant au terme alarmiste de « gigabassines ». « Les solutions sont simples : l’agriculture ne peut pas être au-dessus de la nature. Il faut arrêter de piller notre ressource en eau », a-t-elle expliqué sur France Info, martelant qu’il fallait que « l’agriculture revienne dans les limites planétaires » et donc « prioriser l’agriculture de subsistance ».
Une projection révélatrice
L’impact réel de ces deux retenues d’eau sur ce fameux cycle de l’eau serait-il aussi catastrophique que le prédisent les écologistes ? La réponse est sans appel : non ! Alors que 95 % de l’eau de l’Allier terminent leur parcours dans la mer, les 5 % restants contribuent au remplissage de la nappe phréatique, qui fournit la quasi-totalité de la ressource en eau de la zone.
Or, les prélèvements nécessaires pour alimenter les deux retenues d’eau – ce qui ne s’effectuera que pendant les cinq mois les plus pluvieux, soit entre le 1er novembre et le 31 mars, et sera conditionné par un débit minimal de l’Allier de 45,7 m3/s – occasionneraient une baisse de 0,28 % du débit de la rivière, et uniquement pendant la période hivernale, comme l’évalue l’auteur du compte X Terre à Terre, qui en déduit que le préjudice pour la nappe serait très faible, « inférieur à 130 000 m3, soit inférieur à 0,65 % de l’eau prélevée pour les usages de la zone ». Bref, l’argument d’une perturbation du cycle de l’eau ne résiste pas à l’examen.
Des craintes infondées
La préoccupation des militants de savoir ce qu’il restera d’eau « les hivers secs » ne semble pas, là encore, être fondée.
Ainsi, en prenant comme référence une année particulièrement difficile comme 2022/2023, les conséquences restent négligeables, estime Terre à Terre, alors que pourtant « plus de 50 % du volume des bassines aurait été rempli ». Enfin, si l’on envisage un débit qui diminuerait de 15 % d’ici vingt ans et 30 % d’ici quarante ans, le taux de remplissage pourrait atteindre, toujours selon ses modélisations, de 85 à 93 % dans vingt ans, et de 78 à 84 % dans quarante ans. De quoi permettre un usage parfaitement raisonnable de la ressource en eau, sans mettre en difficulté les autres utilisations de ce bien précieux.