AccueilApicultureMortalités d’abeilles : La piste Nosema Ceranae relancée

Mortalités d’abeilles : La piste Nosema Ceranae relancée

Un petit champignon serait-il à l’origine des effondrements de colonies d’abeilles ? La question divise le monde de l’apiculture depuis que le chercheur espagnol Mariano Higes a mis en évidence la présence de Nosema ceranae, la variante asiatique de Nosema Api, dans des ruches espagnoles. Depuis, de très nombreux travaux ont confirmé que ce redoutable champignon s’est répandu partout dans le monde, y compris outre-Atlantique. Mais cela ne suffit pas à convaincre qu’il pourrait à lui seul être responsable du malheur des abeilles. « Nous avions nourri des abeilles avec ce protozoaire sans observer de mortalités particulières », note en effet Jean-Paul Faucon, du Laboratoire de Sophia-Antipolis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ex-Afssa)

Une partie du voile vient peut-être d’être levée aux Etats-Unis, grâce à une étroite collaboration entre des chercheurs de l’Université du Montana et… l’armée américaine ! « Le problème est loin d’être résolu », tempère toutefois le Dr Jerry Bromenshenk, l’un des auteurs de l’étude. Cependant, le chercheur de l’Université du Montana possède aujourd’hui suffisamment d’éléments pour avancer son hypothèse : celle d’une interaction entre Nosema ceranae et trois virus possibles (le Varroa-destructor-1, le Kakugo virus et l’Iridoviridae ou IIV). Ces virus ont été détectés sur l’ensemble des ruchers atteints de CCD. « Nous avons fait appel à un nouveau système développé par l’armée et qui est capable d’identifier des virus par l’analyse protéinique (Mass spectrometry-based proteomics ou MSP) », explique Colin Henderson, co-auteur de l’étude.

« L’association létale entre un protozoaire et des virus n’est pas un phénomène inconnu. Mais jusqu’à présent, elle n’a pas été confirmée pour le Nosema Ceranae et les virus qu’on connaissait », rappelle Jean Paul Faucon. Il fallait donc tester les effets d’une telle coïnfection avec NC et ces nouveaux virus. C’est chose faite aujourd’hui ! Selon l’étude américaine, une coïnfection NC et IIV aboutit en effet à une augmentation significative des mortalités après une période de 14 jours, par rapport à une infection soit de NC, soit d’IIV.

« Nous ne comprenons pas totalement comment opère cette interaction. Est-ce qu’une des infections affaiblit l’abeille alors que l’autre lui apporte son coup fatal, ou bien ont-elles chacune un pouvoir destructeur partiel ? », s’interroge toujours le Dr Bromenshenk. Beaucoup d’autres questions restent encore en suspens, notamment celle qui consiste à savoir pourquoi les abeilles ne retrouvent pas les ruches. « Peut-être cette combinaison virale et fongique perturbe-t-elle également la mémoire ou l’aptitude à naviguer, et qu’ensuite, tout simplement, les abeilles se perdent », suggère le Dr Bromenshenk.

Bien que la presse apicole soit restée très silencieuse au sujet de ces premiers résultats, l’étude du Dr Bromenshenk n’est pas passée inaperçue dans les milieux « autorisés »…

Télécharger l’étude complète : JournalPlosone-HoneyBeeColonyDecline

 

 

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