Gueule de bois, amertume, tristesse et ambiance plombée étaient les invités du siège parisien d’Europe Écologie-Les Verts, le 6 décembre dernier. Ou plutôt, de ce qui reste de ce parti, qui a péniblement récolté 6,81% des suffrages (contre 12,18% en 2010). Dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où la ligne radicale menée entre autres par le patron de Générations Futures, François Veillerette, avait fait fuir les plus modérés, l’effondrement est dramatique. On y relève un score de moins de 5% (4,83 exactement) ! En larmes, Sandrine Rousseau, la tête de liste de ce « rassemblement », a fait une brève allocution, actant que sa campagne n’avait pas trouvé l’écho qu’elle espérait. Résignée, elle a réduit son ambition politique « à faire battre le FN ». On est bien loin des belles promesses annoncées par Cécile Duflot, pourtant venue en renfort le vendredi précédant le scrutin ! « L’écologie est un chemin de sortie de crise pour une région qui a connu la révolution industrielle, c’est ici que peut naître la révolution écologique », avait affirmé l’ancienne ministre. Visiblement sans convaincre… À l’heure de la COP21 et de son cortège d’émissions, de reportages et d’articles alertant en boucle sur une « urgence climatique » qui lasse en réalité de plus en plus de citoyens, confrontés à des enjeux autrement plus sérieux, le lamentable score des écologistes est tout un symbole.
Ces piètres résultats « sonnent comme un avertissement pour 2017 », estime la journaliste du Monde Raphaëlle Besse. Message compris cinq sur cinq, puisque pour le second tour, le parti d’Emmanuelle Cosse s’est empressé de redonner la main au PS. Seule exception : la Bretagne, où aucun accord n’a été possible, les socialistes ayant jugé que les exigences d’EELV allaient « au-delà de l’entendement ». Du côté des écolos, on se prétend vexé. « Le Drian nous a baladés de manière honteuse avant de nous claquer la porte au nez. Il nous avait déjà fait le même coup en 2010. Venant d’un proche de François Hollande, c’est un signe inquiétant pour l’avenir », s’offusque David Cormand, négociateur en chef d’EELV. Il met en cause « la bande de Hollande », dont les membres seraient « les plus sectaires ». Or, à moins de reproduire à l’échelle nationale ce que François Veillerette et ses amis radicaux d’EELV ont obtenu dans le Nord, les écologistes sont désormais condamnés à devoir composer avec cette « bande » en vue de l’élection présidentielle de 2017, puis de celle des députés.
La montée du FN, avec la recomposition du paysage politique en trois blocs assez proches en voix, constitue en effet une chance formidable pour François Hollande et son accession potentielle à un second mandat. « Avec ces régionales, la perspective d’un match présidentiel de second tour Hollande-Le Pen, dans l’esprit du chef de l’État, se précise », confirme Le Monde. D’autant plus que l’appel d’offres de l’ancien président Sarkozy semble avoir un effet très relatif, notamment dans un monde rural qui n’a pas digéré le Grenelle de l’environnement et son avalanche de mesures qui plombent l’agriculture. La droite républicaine continue de payer très cher l’addition de cette grossière erreur politique, incarnée par Nicolas Sarkozy. Pour récupérer cet électorat, le parti d’opposition devra clarifier sa ligne politique, qui ne sera crédible que si elle s’assortit d’un changement de leader.