A propos du livre « Le péril vert »de Pascal Perri
À un moment où les questions concernant l’environnement sont devenues omniprésentes et les visées électorales des écologistes ambitieuses, le dernier livre du journaliste et économiste Pascal Perri, Le Péril vert (L’Archipel), arrive à point nommé pour faire comprendre à quoi pourrait ressembler une société française repeinte en verte. Et le tableau n’est guère réjouissant
Tout en rappelant que « le courant dominant du principal parti écologiste français, EÉLV, est grandement sous influence technophobe, anticapitaliste à tendance décroissante », Pascal Perri s’amuse dans son dernier opus 1 à déconstruire l’imaginaire écolo-bobo. Il raille ainsi, par exemple, le small is beautiful : « Ils aiment le petit commerce, les petites boîtes, les petits producteurs, comme si la taille avait quelque chose à voir avec la vertu. Les Verts français jouent sur cette fausse vérité écologique et sanitaire qui voudrait que la proximité soit une qualité indiscutable. Depuis longtemps, les économistes savent que la taille est au contraire une garantie d’efficacité et de traçabilité de la production. »
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Par-delà les différents exemples concernant les « fausses vérités » des écologistes, Pascal Perri a le grand mérite de souligner que le projet écologiste est avant tout un projet de société qui vise une certaine forme de révolution culturelle. « Le projet écologiste est, à la différence des autres projets politiques, un projet de rééducation », explique-t-il ainsi. Selon lui, ce modèle décroissant paraît inconciliable avec les fondements mêmes de notre République : il « est totalement incompatible avec le principe d’un État-nation, c’est-à-dire celui d’un grand territoire fonctionnant de manière démocratique. Les écologistes décroissants plaident pour des biorégions autogérées et dont la démographie serait indexée sur la capacité productive de l’espace naturel ». Et il a parfaitement raison !
Il n’est d’ailleurs pas anodin que, au niveau européen, les écologistes soient associés aux régionalistes. Pascal Perri analyse les conséquences désastreuses du « projet politique du localisme économique, politique et énergétique », à savoir une politique qui « nous ramènerait à une France médiévale, sans égalité de traitement des Français pour l’accès aux ressources essentielles. C’est en réalité un projet antirépublicain, qui romprait la promesse républicaine ».
De là qu’il s’inquiète – à juste titre – de la récente convergence opérée entre les écologistes radicaux et toutes sortes de contestations identitaires : « Les mouvements hostiles au progrès, au capitalisme, aux échanges, à la technique et aux technologies ; les défenseurs des minorités, raciales, sexuelles, religieuses, philosophiques ; tous ceux et toutes celles qui veulent exister dans des communautés aux intersections de la société, tous ces groupes demandent des comptes et essentialisent leurs identités propres. Ils ne se sentent pas citoyens de la République, mais gays, trans, noirs, “muslims”, décroissants, animalistes, vegans, féministes… » Un constat brutal, qui peut sembler dérangeant, mais assurément éclairant.