Dans sa chronique hebdomadaire, le journaliste Stéphane Foucart s’inquiète de la « dépolitisation des enjeux environnementaux », déplorant que « dans la parole politique comme dans les enquêtes d’opinion, la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique reculent comme jamais au cours des dernières années ».
En effet, une étude de l’Ifop, publiée le 25 août, rapporte que la protection de l’environnement et la lutte contre le dérèglement climatique n’apparaissent qu’en seizième position des préoccupations des Français, largement derrière la santé (80 %), la lutte contre la délinquance (72 %), l’éducation (71 %) ou l’inflation (58 %). Un positionnement que vient de confirmer un autre sondage publié par l’Ipsos le 14 septembre dans lequel sur les douze enjeux proposés, l’environnement ne figure qu’en septième position.
« Par rapport aux enquêtes comparables conduites dans le proche passé, la chute est abrupte », remarque Stéphane Foucart, qui cherche à comprendre les raisons de cette réalité, certainement décevante pour le journaliste puisqu’elle ne correspond pas à ses attentes. Alors, pour se rassurer, le voici qui prend à témoin le succès de la pétition contre la loi Duplomb : « Au début de l’été, en deux semaines, plus de 2 millions de Françaises et de Français se sont identifiés sur le site de l’Assemblée nationale pour s’opposer au texte du sénateur de Haute-Loire. Avant de relativiser ce succès qui pourrait, finalement, n’être que « le reflet de la polarisation et de la balkanisation, toujours plus aiguës, de l’opinion », expliquant que « tandis qu’une majorité se désintéresserait totalement d’écologie au sens large, une petite minorité agissante serait au contraire toujours plus convaincue de l’urgence à agir, et plus promptement mobilisable » .
Autre hypothèse, bien plus plausible, sur la réussite toute relative de cette pétition : parmi les 2,3 millions de signataires, un bon nombre de personnes ont peut-être réagi pour répondre à une présentation insidieuse qui amalgamait acétamipride et cancer. Autrement dit, la motivation des pétitionnaires seraient davantage liée aux interrogations sur la santé que sur l’environnement. C’est d’ailleurs ce que suggère un autre sondage, cité par le journaliste décroissant. Commandité par Génération Écologie et mené mi-juillet, il indique que l’opposition à la loi Duplomb émane autant des habitants des grands centres urbains de ceux des bourgs ou des petites villes en région, avec un rejet du même ordre de grandeur. La cartographie des pétitionnaires ne correspond donc pas à celle du vote écolo-bobo. D’où l’incontournable nécessité de l’écologie politique à habiller sa propagande d’un discours anxiogène… sur la santé.

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