Le président Macron et les députés de la majorité se targuent de créer les conditions d’une juste rémunération des agriculteurs. Leur idée ? partir des coûts de production pour inverser la construction des prix. Or, c’est démagogique car le prix payé aux producteurs en France sera toujours le reflet d’une moyenne, non pas du seul marché interne franco-français mais aussi des marchés des exportations et des importations.
La majorité présidentielle a tout simplement oublié que nous exportons : 4 litres de lait sur 10, 1 pomme sur 3, 40% des céréales et que nous sommes le premier exportateur mondial de pommes de terre, de semences ou encore de vin.
Et en même temps, nous importons : 1 poulet sur 2 que nous consommons, 25% de notre consommation de porc. Bref, la loi « Agriculture et Alimentation » ne rendra pas sa compétitivité aux exploitations françaises et cela d’autant plus que le président et sa majorité gouvernementale ne se sont pas du tout intéressés aux urgences.
En premier lieu, le déficit commercial de la France en produits agricoles, hors boissons, s’élève à 6,6 milliards d’euros ! En effet, depuis 5 ans les importations ont augmenté de 7 milliards d’euros alors que le volume d’exportation est stable. Ensuite, le projet de budget de la PAC qui prévoit une baisse de 12% en euros constants sur la période 2020-2026. Selon les premières estimations, le paiement direct aux agriculteurs est en baisse de 15%. De plus, les députés de la majorité ont ignoré l’évolutions de l’agriculture chez nos principaux partenaires européens, comme par exemple la montée en puissance de l’Europe de l’Est grâce aux crédits européens ou encore le développement continu de la puissance exportatrice de l’Espagne en fruits et légumes.
Enfin ils sont complètement passés à côté de sujets importants comme : la reconquête de note marché intérieur avec des produits compétitifs, le développement des exportations, les charges fiscales et sociales franco-françaises
Pire, ils ont encore inventé une nouvelle contrainte comme une taxe sur les phytos et la séparation du conseil et de la vente de phytos.
Pour conclure, cette loi « Agriculture et Alimentation », comme le note que la commission des affaires économiques du Sénat, « s’est mué en une loi alimentaire dont les agriculteurs eux-même ont pu, légitimement, se sentir les grands oubliés, la discussion ayant d’avantage porté sur l’usage des doggy bags que sur la création de valeur et l’enjeu de sa juste répartition ». De fait, elle n’apportera pas un sou de plus aux agriculteurs et les consommateurs n’y gagneront rien non plus.
Quand Emmanuel Macron et son gouvernement prendront-ils le temps d’écouter les filière agricoles qui, elles, connaissent la construction des prix.