L’audience, qui s’est tenue le 1er septembre à la 17e chambre du tribunal de Paris, a duré presque dix heures. À cette occasion, les deux journalistes Patrick Cohen et Géraldine Woessner, qui, en avril 2019, avaient respectivement qualifié de « trompeuse » et de « frauduleuse » l’étude de 2012 menée par Gilles-Éric Séralini, tandis que l’animateur Mac Lesggy avait, pour sa part, traité le professeur de « fraudeur », ont pu revenir sur les raisons de ces affirmations, largement soutenues par leurs trois témoins, Jean-Christophe Pagès, ancien président du comité scientifique du HCB, le statisticien Marc Lavielle et Marcel Kuntz, directeur de recherche au CNRS.
« Faute scientifique majeure », « une généralisation sur les OGM qui est trompeuse pour le grand public », « fraude a minima », « tromperie dans l’analyse statistique », « citations d’études erronées », « présentation trompeuse avec omission de la photo des rats témoins » : les griefs à l’encontre de cette étude, invalidée par la publication en 2018 de trois études européennes – G-TwYST, Marlon et GRACE – et de l’étude française GMO90+, ont été présentés sans concession devant le professeur de Caen, dont le narratif consiste désormais à expliquer que, finalement, il s’est trompé. En effet, selon lui, ce n’est plus le caractère OGM du maïs transgénique qui provoquerait les tumeurs, mais la présence dans le RoundUp de composés de résidus de pétrole et d’arsenic.
C’est sur ce nouveau combat, totalement hors contexte, que deux de ses témoins se sont en effet focalisés. Ainsi, l’eurodéputé et ancien PDG de Biocoop Claude Gruffat estime que, si « toutes les publications publiées sont fiables », une réforme du processus d’homologation des pesticides s’impose, tandis que Guillaume Tumerelle, l’avocat des Faucheurs Volontaires, de Secrets Toxiques et Campagne Glyphosate, a prétendu, sous serment, ne pas connaître l’existence des quatre études, pourtant très médiatisées, qui ont toutes réfuté l’étude du professeur Séralini. Curieux… En revanche, les deux témoins en question sont revenus sur le rôle essentiel de Séralini, l’un des « principaux experts » régulièrement cités par Tumerelle pour leur combat militant contre les pesticides. On comprend sans peine leur intérêt à sauver la réputation du soldat Séralini – ce qui n’a certainement pas échappé à l’attention des trois juges.
En fin de compte, le procureur a estimé que, bien qu’il n’existe pas de consensus scientifique pour caractériser l’étude comme « frauduleuse », le contexte dans lequel les propos ont été tenus, la liberté de parole et l’expression spontanée l’amènent à conclure par une demande de relaxe des trois prévenus. Sera-t-il suivi par les juges ? Réponse le 17 octobre à 13 heures.