Nous sommes à la énième version du plan Écophyto — Écophyto 2030 — qui risque très fortement, comme le précédent d’être un échec. Alors Pourquoi ? Tout simplement parce qu’on a oublié l’essentiel.
Pourquoi un agriculteur utilise-t-il un pesticide ?
C’est ce qu’explique un rapport du ministère de l’Agriculture qui a discrètement été rendu public en juillet dernier. Je lis : « Dans beaucoup de cas, le choix du recours à la molécule chimique autorisée permet d’optimiser le temps passé et le coût, et donc assurer une double performance économique et sociale ». En clair, si on veut priver un agriculteur de ce bénéfice économique et sociale, il faut bien que ce soit compensé. Et comme c’est jamais compensé, ça ne marche pas. En fait, en réalité on a pris le problème à l’envers.
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On a fixé des objectifs de réduction pour rester dans l’esprit du Grenelle de l’environnement qui avait voulu réduire de 50% l’usage des produits phytosanitaires. Un chiffre d’ailleurs fixé de manière totalement arbitraire. En fait, une réduction quantitative en tant que telle ne veut rien dire, d’ailleurs on aurait pu fixer une réduction de 100%. Pourquoi pas ? Sauf qu’on aurait plus du tout d’agriculture et ce n’est pas un objectif. Comment remettre les choses à l’endroit ?
Inscrire le plan Échophyto 2030 dans une logique de production
Tout d’abord, tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut garantir la souveraineté alimentaire de la France, c’est-à-dire clairement augmenter la production agricole car déjà maintenant, nous importons beaucoup trop, dans le domaine végétal comme dans le domaine animal. Le plan Écophyto 2030 doit donc s’inscrire dans une logique de production. Oui, il faut produire, et pour cela il nous faut donc un indicateur de production. Sans cet indicateur de production, on ne peut pas mesurer les conséquences des décisions qui sont prises sur les pesticides. Ensuite, l’objectif doit porter sur la réduction des risques sur la santé et sur l’environnement. C’est bien ça le cœur de la problématique des produits phytos. C’est bien de réduire le risque pour les citoyens et l’environnement. Or, une réduction quantitative globale des pesticides n’induit pas nécessairement une réduction des risques. D’ailleurs, on peut même parfaitement réduire un risque sans diminuer les quantités. Il nous faut donc un autre indicateur, un indicateur qui mesure les risques.
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Pour résumer, il nous faut à la fois un indicateur de production et un indicateur de risque, ce qu’on a absolument pas aujourd’hui. Et la vrai question, c’est la question de l’arbitrage entre ces deux, parce qu’on pourrait parfaitement tout produire en prenant des risques considérables, ce qui n’est pas souhaitable, ou ne rien produire du tout, mais en ne prenant aucun risque, ce qui n’est pas souhaitable non plus. Il faut donc piloter l’usage des pesticides avec ces deux indicateurs. Or, ces deux indicateurs ne sont malheureusement pas mis en place.
Voilà en clair, le problème de fond du nouveau programme Écophyto que la première Ministre Élisabeth Borne va nous présenter.