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Fipronil : fin du premier épisode

4 mai 2006 : l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Aesa) publie son rapport scientifique sur le fipronil. Près d’un an plus tard, le 16 mars 2007, la majorité qualifiée des Etats-membres réunis au sein du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale rend un avis favorable à l’inscription de la molécule controversée de BASF sur la liste positive de l’annexe 1 de la directive 91/414. Accordée au terme d’un long processus, par une instance plutôt vigilante en ce qui concerne l’environnement, cet avis sonne comme un désaveu de la gestion française du dossier. Il met en particulier en cause le Comité scientifique et technique mis en place en 2001 par le ministère de l’Agriculture pour déterminer les causes des mortalités d’abeilles, dont la méthodologie très controversée s’appuyait davantage sur des modèles théoriques que sur des expérimentations de terrain.

En outre, l’inscription du fipronil donne définitivement tort à l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) et à ceux qui ont relayé ses accusations envers les traitements de semences par enrobage, ces dix dernières années. Enfermée dans sa logique simpliste, l’Unaf s’était mobilisée sans faille pour tenter d’infléchir la décision européenne. En novembre 2006, la Coordination apicole anti-Gaucho, proche du syndicat de la rue des Tournelles, avait adressé un courrier à l’ensemble des représentants de la Commission environnement de l’Union européenne pour les mettre en garde contre une éventuelle homologation du fipronil. Face à l’intransigeance des experts européens, qui s’en sont tenus aux seuls arguments rigoureusement scientifiques, l’Unaf n’a alors pas hésité à affirmer dans Novethic, le 18 mars dernier : « On se retrouve avec cinq mètres cubes de dossiers [sur le fipronil] que personne ne lit ». Allons, soyons sérieux ! Il n’y a pas qu’à la rue des Tournelles qu’on travaille consciencieusement…

Enfin, l’autorisation européenne ne devrait-elle pas mettre un terme à l’instruction de Saint-Gaudens ? En effet, la charge retenue contre les patrons de BASF et de Bayer était la « mise en vente de produits toxiques nuisibles à la santé de l’homme et de l’animal ». Aujourd’hui, la juge d’instruction Isabelle de Combettes de Caumon dispose des conclusions du rapport le plus indépendant possible : celui des experts européens, qui ont estimé que ce produit pouvait être commercialisé en toute sécurité en Europe.

Le premier « épisode fipronil » est donc terminé. Le second consistera à permettre aux agriculteurs français d’utiliser cette molécule dans un climat apaisé et serein. Reste à espérer que son fabricant agira sans précipitation, et que les dirigeants des trois principaux syndicats apicoles (l’Unaf, le Syndicat national d’apiculture et le Syndicat des producteurs de miel en France) sauront accepter la main tendue de BASF, qui affirme vouloir « poursuivre ses efforts pour un dialogue authentique avec tous les acteurs ». C’est en effet l’occasion de trouver une fois pour toutes les véritables causes des dépérissements d’abeilles – qui perdurent – et de permettre aux apiculteurs d’exercer leur activité dans les meilleures conditions, et en bonne intelligence avec le monde agricole et l’industrie phytosanitaire.

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