« Après près de quarante-cinq ans de contribution à la richesse du pays, toutes les productions végétales aujourd’hui sont en train de reculer et notre contribution à la balance commerciale sera probablement, cette année pour la première fois, négative », a déploré Arnaud Rousseau, le président de la Fnsea, lors de l’assemblée générale de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (Fop), qui s’est tenue le 26 novembre à Montrouge. Si les raisons de ce décrochage sont multiples, les entraves franco-françaises à la production, imposées au fil des années, principalement pour plaire à un électorat écolo-décroissant, n’en demeurent pas moins l’une des causes principales.
Certaines de ces entraves sont visibles et évidentes, comme en témoigne notamment le cas devenu très médiatique de la filière noisette, aujourd’hui « au bord de la faillite », pour reprendre les termes d’un récent rapport de l’Inrae. « Elle pourrait tout simplement disparaître à l’horizon de quelques mois », alertent ses auteurs, qui confirment que l’interdiction de l’acétamipride, conjuguée à l’arrivée de la punaise diabolique, est bel et bien à l’origine d’une baisse des rendements de la filière, divisés par deux entre 2019 et 2024. Résultat : la marge brute moyenne par hectare, qui était de +1800 euros sur la période 2016-2019, est passée à -1721 euros en 2024.
D’autres entraves, a priori moins évidentes, sont pourtant tout aussi réelles. Ainsi, comme le note Jean-René Meunier, producteur de colza dans le Morbihan, l’interdiction de cultiver du colza OGM en France le prive d’accès à des variétés ayant des teneurs en protéines plus élevées. « Aujourd’hui, l’essentiel de la sélection variétale de colza outre-Atlantique se fait à partir de colza OGM, et il en résulte des nouvelles variétés plus performantes, plus riches en protéines et avec une meilleure rentabilité, mais que nous ne pouvons pas cultiver en France », explique l’agriculteur. Et pourtant, ces mêmes variétés sont importées et nourrissent nos élevages. Cherchez l’erreur…
Même constat pour la filière maïs. « D’après nos estimations, les moyens de production – protection des semences contre les ravageurs, moyens de désherbage et accès à l’eau – dont disposent les producteurs du continent américain et dont sont privés nos producteurs nationaux, entraînent un différentiel de rendement d’une moyenne de 10 quintaux à l’hectare », estime Jacques Groison, directeur de l’institut de recherche Arvalis. Or, produire 10 quintaux supplémentaires est précisément ce qui permet au bilan d’une exploitation agricole de passer du rouge au vert. Retrouver de la compétitivité, c’est aussi revenir sur les erreurs du passé, en déverrouillant les capacités de production de l’agriculture française…


