Il y a à peine un an, une singulière coalition réunissant l’association Terre d’Abeilles (proche de Philippe de Villiers), l’aile radicale de la Confédération paysanne (proche de José Bové), ainsi que quelques associations écologistes, annonçait la fin des abeilles suite à la décision du ministère de l’Agriculture d’autoriser un nouveau traitement de semences utilisé sur maïs : le Cruiser. « Les abeilles n’y résisteraient pas », avertissaient dans la presse lesdites associations, financées pour l’occasion par le Groupe Léa Nature, de Charles Kloboukoff – qui s’offrait ainsi une belle publicité verte. « Les abeilles et de nombreux autres insectes pollinisateurs en subiront les conséquences sur leur survie, de même que les oiseaux ne sont pas à l’abri d’un risque certain », ajoutaient Greenpeace, la LPO, et France Nature Environnement, dans un pathétique appel contre « le tueur d’abeilles et de biodiversité ». Bref, à en croire les habituels prophètes de l’apocalypse, la fin des abeilles était proche.
Courageusement, Michel Barnier n’a pas cédé, préférant prendre une décision rationnelle basée sur les recommandations scientifiques de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Une attitude d’autant plus raisonnable que les faits lui ont donné raison. En effet, les 154.000 hectares de maïs qui ont été protégés par l’insecticide de Syngenta n’ont provoqué aucune mortalité aiguë – y compris lors des semis –, ni même le moindre affaiblissement des colonies pourtant situées à proximité des champs traités. C’est d’ailleurs ce qu’a pu vérifier l’Afssa, qui note ainsi dans son avis du 23 octobre 2008 que « le suivi des pathologies des ruchers, les observations visuelles de l’état sanitaire des ruches, ne relèvent aucune mortalité suspecte et font état d’un état sanitaire en général satisfaisant des colonies suivies ». On ne peut être plus clair : aucune mortalité n’a été constatée, alors que le collectif anti-Cruiser prédisait une nouvelle hécatombe, digne de celle qui avait faussement été attribuée au Gaucho et au Régent TS, deux insecticides qui « présentent le même niveau de toxicité et les mêmes risques pour les colonies d’abeilles », à en croire les propos des militants écologistes.
Qu’importe ! Lamentablement aveugles face à une réalité qu’elles ne peuvent supporter, ces mêmes associations poursuivent inlassablement leur croisade. Maintenant, c’est le protocole de l’Afssa qui n’aurait pas de « caractère scientifique ». Pire, le lobby vert menace de lancer une campagne nationale sur le thème : « Barnier est à la solde de l’agrochimie ». Ainsi, une cellule de crise a été mise en place par Jean Sabench, l’animateur en charge du dossier pesticides de la Conf’, Sophie Duguet, de l’Unaf, Jean-Marie Barbanson, de la Fnosad et Christian Pacteau, de la LPO, afin d’impliquer « d’autres structures de la société civile », c’est-à-dire battre le rappel de l’ensemble des organisations écologistes. Dans La Nouvelle République du 18 novembre 2008, Sophie Duguet annonce « une action de grande ampleur au niveau européen en 2009 », année des élections européennes, auxquelles Michel Barnier a déclaré participer. Face à de telles pressions – y compris celles venant du ministère de l’Environnement –, Michel Barnier aura-t-il le courage de ne pas jeter l’éponge ?