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Le WWF et le Groupe Danone : une longue histoire d’eau

Pour une fois, l’Académie nationale de médecine, l’Académie nationale de pharmacie et l’Académie de l’eau n’y ont pas mis les formes. Réagissant à la communication alarmiste du WWF sur l’état sanitaire de l’eau du robinet, les trois académies ont fait « une mise au point » dont la charge est sans précédent. Ils rappellent « que la Santé Publique n’est ni de la publicité ni du marketing, et qu’il ne peut y avoir de Santé Publique que fondée sur les faits ». « Inquiéter l’opinion dans un tel contexte relève de l’imposture mais en aucun cas d’une démarche scientifique », poursuit le communiqué, qui réfute les arguments présentés dans un texte signé par un comité dit « scientifique » du WWF. Pour les académiciens, cette démarche est un « exemple de déstabilisation de l’opinion, qui consiste à évincer les scientifiques pour obtenir que, sous la pression d’une opinion manipulée, des mesures de précaution soient prises sans la moindre évaluation de leur impact et en galvaudant des questions sanitaires majeures comme l’eau et le cancer ». En clair, la campagne du WWF constitue « à la fois un déni de la science, un mépris de la médecine et une atteinte au respect des patients ». Des propos que partage le professeur André Aurengo, membre de l’Académie de médecine. Le chef du service central de médecine nucléaire du groupe hospitalier La Pitié-Salpêtrière se dit scandalisé : « Il est malhonnête de faire croire, de manière aussi gratuite, à des personnes déjà fragilisées par la maladie qu’elles courent un risque et de les inciter à modifier leurs comportements sans que rien ne le justifie ». « Ce qui se passe est inacceptable : le système est détourné par des marchands de peur dont les propos sont repris in extenso dans les journaux. Il faut réhabiliter l’expertise scientifique aux yeux de l’opinion afin de protéger les citoyens contre ce type d’impostures qui ne cessent de se multiplier », tempête dans Le Figaro le professeur Yves Levy, de l’Académie de pharmacie et président de la section eaux du Comité d’hygiène publique.

Au-delà du catastrophisme habituel des écologistes, la campagne du WWF est troublante du fait qu’elle fournit une formidable publicité, à la veille de l’été et des fortes chaleurs, au secteur de l’eau conditionnée. Dans ses recommandations, le WWF conseille en effet « aux personnes malades du cancer ou qui sont passées par la maladie de ne boire quotidiennement de l’eau du robinet que si elles sont sûres de sa qualité, et sinon de s’équiper d’un filtre de qualité ou de boire de l’eau en bouteille ». « Le WWF et David Servan-Schreiber affirment avec force qu’ils ne sont absolument pas financés par les entreprises d’eau en bouteille », note Sandrine Blanchard dans Le Monde. Peut-être pour cette campagne. Cependant, il est notoire que depuis une dizaine d’années, le WWF collabore de façon étroite avec le leader de l’eau en bouteille, Danone (propriétaire des marques Evian, Volvic et Badoit). En effet, dès 2000, le WWF et Evian ont organisé un symposium sur la protection des zones humides d’altitude, dans le cadre de la campagne « Eaux vivantes ». En mars 2004, Franck Riboud, du Groupe Danone, et Jamie Pittock, du WWF International, ont ensuite signé un partenariat de trois ans dans le cadre d’un protocole de coopération pour la « protection des zones humides », qui confie au WWF International la mise en œuvre du programme d’actions sous la direction de la Convention de Ramsar (Convention internationale sur les zones humides), en coordination avec le Comité de pilotage du Fonds Danone Evian. Ce protocole d’accord a été renouvelé pour 2007-2010, avec un budget annuel de 250.000 euros. Un autre accord a été signé en parallèle entre le WWF et Danone en 2007 sur les « Ecoles de protection de l’eau », avec un budget annuel de 220.000 euros. Il comporte trois projets pilotes, encore une fois coordonnés par le WWF. Enfin, le 28 octobre 2008, un nouveau protocole d’accord ayant pour objet la création d’un partenariat « pour la mise en œuvre de programmes d’action pour la préservation des écosystèmes qui jouent un rôle déterminant dans le cycle du carbone en différents endroits de la planète » a été signé par le Groupe Danone et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), une ONG proche du WWF…

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