Selon les chiffres rendus publics le 19 mai 2011 par l’Agence Bio, la France a consacré 2,09% de la surface agricole utile (SAU) à l’agriculture bio en 2010 (571.814 hectares de surfacées certifiées bio, sur 27,4 millions d’hectares). Ce qui représente depuis 2007, l’année du Grenelle de l’environnement, une augmentation de 74.500 hectares et de… 0,3 % de la SAU !
Certes, on peut s’attendre à des résultats meilleurs pour l’année 2011. En effet, une partie des surfaces en conversion pourront enfin être comptabilisées en surfaces certifiées bio. Théoriquement, 85.000 hectares supplémentaires s’ajouteront ainsi aux 572.000 ha, portant à 672.000 ha le total des surfaces converties en bio fin 2011. Et pour 2012, on peut déjà estimer à un maximum de 240.000 ha l’ensemble des conversions en cours, soit un total de 810.000 ha convertis en bio. Au final, au maximum 2,9% de la SAU totale pourraient être consacrés à la culture certifiée bio en 2012. Un chiffre largement inférieur aux 6% initialement fixés par le Plan « Agriculture biologique : horizon 2012 » du ministère de l’Agriculture.
Si la tendance bio s’inscrit durablement pour les vignes (6% des surfaces converties en bio) et pour les fruits et légumes (5% du total), elle reste à la traîne pour les grandes cultures, avec moins de 175.000 hectares (soit 1,5% des surfaces totales) en prévision. En réalité, l’essentiel des surfaces converties en bio comptabilisées en 2011 ont été consacrées aux cultures fourragères et aux jachères (583.000 ha sur 845.000 ha).
Bref, il est aujourd’hui clairement établi que l’objectif du Grenelle de l’environnement, qui consistait à vouloir « tripler les surfaces cultivées en bio d’ici 2012 » – c’est-à-dire cultiver du bio sur 1,5 million d’hectares – est bien hors de portée. Le constat est sans appel : après 2012 – et un très médiatique Grenelle de l’environnement – , 97% de la surface agricole utile seront toujours consacrés à l’agriculture conventionnelle.
Echec du bio dans la restauration collective
Le deuxième objectif fixé par le Grenelle de l’environnement concerne la restauration collective, le législateur ayant affirmé vouloir atteindre, « pour l’année 2010, 15 % de denrées issues de l’agriculture biologique dans les menus et atteindre 20 % en 2012 ». Dès septembre 2007, le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, avait clairement indiqué que « la présence systématique de produits biologiques au menu des restaurants scolaires de l’enseignement agricole constitue l’un de [ses] objectifs ». Le ministre avait même annoncé qu’il engagerait « une réflexion avec les collectivités territoriales afin d’introduire les produits issus de l’agriculture biologique parmi les critères retenus dans les cahiers des charges des marchés publics de la restauration scolaire ». Depuis, de très nombreuses initiatives ont été relayées par la presse.
Pourtant, quatre ans plus tard, la réalité des chiffres témoigne plutôt d’un retentissant échec. Le surcoût, évalué aujourd’hui par l’Agence Bio à 25% à 30 % en moyenne, n’y étant certainement pas pour rien. Ainsi, l’établissement public révèle que le montant total des achats de produits bio pour la restauration collective s’élève à 130 millions d’euros « pour l’ensemble des familles de produits (frais, surgelés, épicerie, hors pain) ». C’est-à-dire moins de 2% des achats alimentaires de la restauration collective ! Afin de minimiser ces résultats particulièrement mauvais, l’Agence Bio a choisi de positiver.
« Début 2011, 46% des établissements de restauration collective publique ou privée interrogés ont déclaré proposer des produits biologiques à leurs convives, soit près d’un établissement sur deux, et plus de 33.000 établissements au niveau national, alors qu’ils n’étaient que 4% avant 2006 », se félicite ainsi l’agence, qui poursuit : « Les responsables de restauration ayant opté pour l’introduction de produits biologiques jugent en majorité celle‐ci plutôt voire très satisfaisante, que ce soit pour les convives ou le personnel », note-t-elle. En fait, pour figurer parmi ces établissements « modèles », il suffit de mettre à la disposition des élèves un produit bio de temps en temps, comme par exemple une pomme. Une pratique visiblement plus courante que de proposer des menus entièrement bio tous les jours, comme le font aujourd’hui à peine 1% des établissements interrogés par l’agence. En revanche, 85% admettent proposer des menu exclusivement bio… moins d’une fois par mois !