Après quatre années de loyaux services, la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), le Gnis et la CFDT ont claqué la porte du Comité économique, éthique et social (CEES) du Haut conseil des biotechnologies. « La teneur des discussions sur les dossiers soumis au CEES ne conduisait plus à s’interroger sur les avantages et les inconvénients de la mise en culture de telle ou telle PGM, mais à argumenter qu’on pouvait s’en passer», commente Jeanne Grosclaude, la représentante de la CFDT. «Très vite, la présidente a limité le contenu des recommandations à la simple juxtaposition des positions exprimées par les uns et les autres, sans animer un travail de convergence et de recherche de consensus», poursuit-elle.
Dans un courrier adressé au Premier ministre, les présidents de la FNSEA et de l’ANIA, Xavier Beulin et Jean-René Buisson, ont exprimé leur «amer constat de l’impossibilité du CEES de remplir sa mission». «Nos organisations se retirent de cette instance, car elles refusent d’y investir autant d’énergie pour un si piètre résultat: nos représentants y sont, au mieux, des spectateurs impuissants, au pire, des alibis aux atermoiements de l’État sur les choix à opérer en matière de biotechnologies végétales», expliquent-ils.
En réalité, ce «très beau bébé de ce très beau Grenelle», pour reprendre les propos de l’ex-ministre de l’Environnement Jean-Louis Borloo, n’a jamais eu pour vocation de faire dialoguer des parties ayant des points de vue différents sur les biotechnologies. Et ceci pour une raison simple: sur le dossier des OGM, le gouvernement de François Fillon a choisi de sacrifier l’innovation et l’agriculture. Ce même gouvernement qui prétend défendre la croissance et le progrès n’entend pas les avis des experts, très majoritairement favorables aux biotechnologies, ni ceux des acteurs économiques, qui en connaissent les avantages. Il préfère se dissimuler derrière les craintes –réelles mais infondées – d’une majorité de la population, dont l’opinion s’est forgée essentiellement à partir du bruit médiatique d’une poignée d’extrémistes, pour la plupart adeptes de l’écologie punitive. Ce sont ces mêmes extrémistes qui ont été invités à siéger au CEES. Refusant l’idée même d’une coexistence entre cultures OGM et non OGM, ils ont bien entendu rendu tout débat impossible.
« Derrière le refus de la coexistence entre cultures OGM et non OGM s’expriment aussi un refus des méthodes scientifiques qui contribuent à l’amélioration des plantes, et une méfiance vis-à-vis des chercheurs, publics ou privés, qui s’y consacrent. En attestent les incidents de séance, les déclarations des tenants de la radicalité anti-PGM dans les écrits annexés en divergence aux recommandations», poursuit Jeanne Grosclaude. Là aussi, le gouvernement de François Fillon a sa part de responsabilité…
Suite à l’avis du Conseil d’État concernant la double illégalité du moratoire sur le MON810 –illégalité juridique et décision sans fondement scientifique–, le gouvernement a aujourd’hui le choix entre persévérer dans cette malheureuse farce, dont NKM est à l’origine, ou bien revenir au principe de réalité. Celui-ci est simple: quoi qu’en pensent les adeptes de la décroissance, les biotechno- logies végétales progressent partout dans le monde. La France, grand pays agricole, ne peut se permettre de rester à l’écart.