Petit rappel : à la suite d’une alerte lancée en juin dernier à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement par les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) – médecins libéraux, nous avons assisté au déchaînement d’une véritable tempête médiatique sur le cadmium. Cancérogène avéré, ce métal lourd fut alors désigné comme le responsable direct d’une « flambée » de cancers.
Les enfants y seraient même « massivement exposés » via leurs céréales du petit-déjeuner issues de l’agriculture conventionnelle, utilisatrice d’engrais contenant du cadmium, martelèrent ainsi de nombreux médias. Seul l’hebdomadaire Le Point prit du recul pour apporter un peu de raison dans ce débat, sans pour autant minimiser les questions sanitaires qui entourent ce métal, connues depuis des dizaines d’années.
En effet, selon Santé publique France, on sait, par exemple, que le premier facteur d’exposition reste le tabac, chaque cigarette contenant de 0,5 à 2 μg de cadmium, qui vont s’accumuler dans les reins, le foie ou le pancréas. Mais peu importe, après tout, puisque, pour le docteur Pascal Meyvaert, porte-parole de cette alerte, il suffirait de faire simplement « le plus confiance possible au label bio », message qui a été largement relayé par les acteurs du bio.
Sauf que, patatras, une enquête publiée le 21 août par l’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme sur la présence de cadmium dans le chocolat… bio ! Selon l’association de consommateurs, il s’avère que le chocolat issu de l’agriculture biologique contient davantage de cadmium que le chocolat issu de l’agriculture conventionnelle. Idem pour les biscuits : « Les Bjorg fourrés au chocolat noir atteignent 8 % de la dose maximale journalière, contre 3 % pour les Prince ou les Kinder. Et pour les céréales, les Bjorg granola au chocolat bio affichent aussi un taux plus élevé de cadmium que les Trésor de Kellogg’s (8 % contre 3 %). » Des constatations de nature à embarrasser le Synabio, l’organisation qui fédère la plupart des entreprises bio. Ayant participé, en juin, à la campagne anxiogène qui présentait le cadmium comme une « bombe sanitaire » liée aux pratiques conventionnelles, il se retrouve ainsi pris au piège du cadmium. Alors, pour en sortir, le voilà qui recourt soudainement à l’argument des limites réglementaires ! « Les autorités sanitaires ont défini des seuils réglementaires qui s’appliquent aux chocolats bio comme à tous les produits alimentaires. Les entreprises bio veillent scrupuleusement au respect de ces seuils qui font par ailleurs l’objet d’une surveillance par les pouvoirs publics », s’est-il empressé de déclarer. Cocasse, non, quand on sait que ce même argument est systématiquement rejeté par le secteur bio, sitôt qu’il est mis en avant par les tenants de l’agriculture conventionnelle à propos des résidus de pesticides ?

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