Le 4 juin prochain, le tribunal administratif de Montpellier se prononcera sur la validité d’un permis de construire accordé par la ville de Trèbes à une société semencière. Implantée sur le site depuis plus de trente ans, celle-ci souhaite accroître ses moyens de production afin de répondre à la demande croissante de semences conventionnelles de maïs, en France comme à l’étranger. Aujourd’hui, l’entreprise apporte déjà un ballon d’oxygène non négligeable à un département qui n’échappe pas à la crise. Une quarantaine de salariés sont employés dans l’usine, qui propose chaque année du travail à 120 saisonniers. Des contrats de production de semences ont été signés avec plus de 500 agriculteurs, qui produisent sur 3500 hectares des semences de qualité utilisées par des agriculteurs français, mais aussi exportées dans une trentaine de pays. Enfin, l’entreprise contribue aux dépenses de la ville de Trèbes à titre de taxes locales.
Riche de cette expérience ainsi que de l’excellente collaboration que le semencier entretient avec les agriculteurs du département, sa direction a décidé d’investir 50 millions d’euros dans le projet. Une vingtaine de personnes supplémentaires seront embauchées en emplois permanents dès septembre 2013, et une soixantaine d’emplois saisonniers supplémentaires seront nécessaires chaque année. Bref, que du bonheur pour l’économie locale et pour notre ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg !
Sauf qu’un groupuscule d’une dizaine de riverains ne semble toujours pas avoir compris que crise économique rime avec désindustrialisation. Ils ont donc saisi la justice pour réclamer l’arrêt des travaux. Leurs motivations officielles ? « Le nombre de camions va augmenter », «personne ne peut nous assurer qu’il n’y aura pas de problème de sécurité», « des poussières, imbibées de pesticides, vont atterrir dans nos jardins »… Autrement dit, ils veulent « rester vivre dans le quartier du Caïrat, dans la sécurité et en toute tranquillité ». Tranquilles et… sans emploi !
En réalité, ce « collectif » est instrumentalisé par des éléments radicaux de la Confédération paysanne, qui affichent ouvertement leur volonté de saborder le projet. C’est que le propriétaire du site n’est autre que… le très méchant Américain Monsanto, qu’il faut bouter hors de France ! A St Louis, siège social de la société, le dossier est regardé avec beaucoup d’attention, a confié à A&E Yann Fichet, le directeur des affaires institutionnelles du groupe américain. « Si Monsanto ne peut pas assurer la modernisation de son usine de Trèbes, il ira ailleurs en Europe afin de satisfaire l’augmentation de la demande européenne de semences », a-t-il indiqué. S’il n’ose l’affirmer ouvertement, le directeur n’exclut pas qu’un refus du permis puisse entraîner jusqu’à la fermeture totale de l’usine, la mise au chômage des salariés et la rupture de contrat avec les agriculteurs producteurs de semences. En revanche, nul doute que les équipes commerciales du groupe resteraient bien en place pour vendre en France des semences qui seraient désormais… « made in Romania».