Surtout connu pour ses interventions dans l’équipe des Grandes Gueules sur RMC, Pascal Perri aime toucher à tout : le foot, les impôts, les dépenses publiques, l’activité low cost ou encore les grands monopoles.
Fondateur du groupe de réflexion « Oui à l’innovation », cet économiste de tendance libérale est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages. Le plus récent retrace une enquête sur les activités des zadistes, notamment à Notre-Dame-des-Landes et à Sivens. Son titre, L’écologie contre la démocratie, donne d’emblée le ton : il s’agit d’une vive critique de l’écologie punitive version Bové-Duflot, qu’il accuse de promouvoir un « modèle de vie disruptif » ouvrant la voie à une forme moderne de totalitarisme. Pour preuve : les « laboratoires grandeur nature » mis en œuvre par les zadistes. « On y expérimente dans de petites unités le retour à un mode de vie pastoral, le principe de l’autarcie économique (sauf quand il s’agit de détourner le réseau électrique pour alimenter les bâtiments illégalement occupés), bref, le retour à une société présumée d’abondance dans laquelle les besoins inutiles n’existeraient plus », explique Pascal Perri.
Les doux rêveurs aux cocktails molotov
« Au départ, les zadistes ont été présentés comme des ”Cendrillons” : de doux rêveurs, des militants proches de la nature, respectueux de l’environnement. Au zénith de leur popularité, ils étaient des David contre l’État-Léviathan et contre les grandes entreprises nécessairement mal intentionnées. Puis, un jour, leur étoile a pâli. L’opinion a découvert que ces sympathiques Robin des Bois ont appris à fabriquer des cocktails Molotov, des lance-pierres, qu’ils apparaissent masqués, crèvent les pneus des visiteurs, volent, occupent les biens d’autrui sans droit ni titre… Le mythe s’est effondré, comme le 29 novembre 2015, quand, à Paris, place de la République, des militants violents de la même mouvance ont saccagé le mémorial des victimes des attentats du 13 novembre », poursuit l’auteur.
Témoignages
À Vigneux-de-Bretagne, aux abords de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, il y a bien longtemps que leur caractère odieusement violent ne fait plus mystère pour personne. Pascal Perri a ainsi recueilli le témoignage de Guy et Béatrice, un couple d’agriculteurs qui s’est fait chasser de chez lui. Leur maison a été envahie, les portes, enfoncées, le plancher, arraché, des sacs de vêtements, éparpillés… Ils ont reçu des menaces physiques, tandis que des insultes (« collabos », « vendus », « bâtards »…) ont été taguées sur les murs de leur maison. « Une seule voix s’est élevée pour protester, celle du nouveau président de région, Bruno Retailleau », constate Pascal Perri. En revanche, pas un mot de la part des dirigeants écologistes. Et pour cause ! Ces opérations d’insubordination s’inscrivent dans un mouvement qui va bien au-delà des centaines d’activistes radicaux, certes venus d’horizons très divers.
En effet, ce mouvement est soutenu par des personnalités telles que le député Vert Noël Mamère et l’ancien conseiller de Cécile Duflot, Patrick Farbiaz, qui se réjouissent que les ZAD « ouvrent la voie à un mouvement pour l’autodétermination sociale, autonome par rapport à l’État et aux lobbies des grandes entreprises ».
Quand, au nom d’un intérêt général d’ailleurs mal défini, on commence à chercher les fautes dans votre vie privée (comme de vouloir prendre l’avion pour vaquer à ses affaires…), la tentation de la contrainte n’est pas loin », conclut Pascal Perri.
« Le mouvement de Notre-Dame-des-Landes, comme tous les autres sur des ZAD françaises, s’inscrit dans une logique idéologique rupturiste. On peut être en accord ou en désaccord avec ce courant de pensée, mais nul ne doit ignorer ce qu’il implique pour la vie quotidienne des gens », avertit Pascal Perri, qui ajoute que « derrière l’apparente gestion flottante des ZAD, existent un véritable plan de bataille, une vision stratégique ». Et cette vision stratégique s’inscrit dans un horizon : celui de la décroissance et du totalitarisme qui l’accompagne nécessairement. « Semblable à ces codes religieux transformés en codes civils qui accompagnent les individus dans les moindres faits et gestes de leur quotidien, l’idéologie décroissante nous renvoie à la trilogie des mouvements totalitaires ou totalisants : vérité, sacré, violence. Sa vérité est sacrée, l’insubordination au moyen éventuel de la violence est admise pour la protéger et la servir », analyse l’auteur. « Quand, au nom d’un intérêt général d’ailleurs mal défini, on commence à chercher les fautes dans votre vie privée (comme de vouloir prendre l’avion pour vaquer à ses affaires…), la tentation de la contrainte n’est pas loin », conclut Pascal Perri, qui dit se méfier « des idéologues qui prétendent incarner l’avenir du monde et de l’espèce ». On ne peut que partager ses inquiétudes.