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Retour sur le saumon bio

« Saumon : carton rouge pour le bio », titre 60 millions de consommateurs en couverture de son numéro de décembre. À en croire le mensuel, tout ne serait pas bon dans le saumon bio. Sylvie Metzelard, sa rédactrice en chef, n’y va d’ailleurs pas par quatre chemins ! « Comme en témoignent nos tests, le bio au rayon frais est loin d’être exemplaire. Si les pavés conventionnels s’en tirent plutôt bien, on retrouve davantage de traces de mercure, d’arsenic mais aussi de quatre pesticides (naturellement parfaitement interdits) chez ceux qui devraient être à l’abri de tout soupçon », explique-t-elle. En cause principalement : l’alimentation des saumons, à base de farines et d’huiles de poissons, qui accumulent ces polluants persistants. En revanche, la revue souligne que les saumons conventionnels « vont mieux qu’il y a deux ans », les producteurs norvégiens ayant fait le ménage depuis le désastreux ”saumon gate” de l’année 2013, qui avait révélé des traces de pesticides et de métaux lourds dans la chair de ces poissons. Cette fois-ci, c’est donc un coup rude pour la filière bio et ses ambassadeurs, tel l’agronome Marc Dufumier, qui déclarait en 2014 au quotidien 20 minutes : « Les saumons de pêche issus de mers fermées telle la mer Baltique peuvent concentrer du PCB et des métaux lourds. Résultat : mieux vaut manger du saumon d’élevage bio ou pêché dans l’Océan Pacifique. »

À l’occasion d’un documentaire diffusé le 25 novembre dernier, l’équipe du magazine Thalassa a « parcouru le monde dans le sillage du saumon ». Son reportage révèle la nature des pratiques de l’élevage de saumons bio, qui ressemble à s’y méprendre à une industrie. De quoi alimenter la presse de titres plus alarmistes les uns que les autres, comme « Deux pavés de saumon bio aux métaux lourds, s’il vous plaît ! », « L’alerte rouge est lancée sur le saumon biologique », « Le saumon bio n’est pas très propre », etc.

Immédiatement, la filière bio a instauré un contre-feu. Avant même la diffusion du reportage, l’Agence Bio a largement diffusé les éléments de langage de la riposte. Ceux-ci sont consultables sur un site dédié à l’affaire, qui apparaît en première ligne sur les moteurs de recherche. « À quelques semaines des fêtes de fin d’année, les professionnels souhaitent rassurer les consommateurs sur la qualité des saumons bio », peut-on y lire. Aucun risque, nous dit-on, puisque « si certaines enquêtes ont pu déceler des traces de contaminants dans des saumons bio, elles sont toutes largement inférieures aux limites fixées par la réglementation européenne et ne présentent pas de danger pour la santé humaine ».

Mieux encore, ce sont les producteurs bio qui seraient les premières victimes : « Les professionnels de la bio tiennent à souligner qu’ils sont les premières victimes de la pollution induite par les activités humaines contre laquelle ils luttent au quotidien ». Par conséquent, « les éleveurs de saumons bio ne sont pas responsables », car pour «  respecter au plus près leur alimentation naturelle, les saumons bio sont nourris d’aliments bio et de poissons sauvages issus de pêches durables, qui peuvent être impactés par la pollution environnementale ». Le vieux refrain du « responsable mais pas coupable » est de nouveau à l’honneur…

Du côté de Générations Futures (GF), le service de promotion du tout bio, le silence radio est de mise. Pourtant, chez GF, le saumon, on connaît bien ! Il faisait partie du fameux « menu toxique » présenté en 2010, qui avait permis à l’association de dénoncer la présence de « 128 résidus chimiques », dont « 47 substances différentes cancérigènes suspectées et 37 perturbateurs endocriniens suspectés ». À lui seul, le saumon était responsable de plus de 25% de ces résidus ! L’année suivante, Générations Futures a proposé son « menu non toxique », « avec les mêmes aliments issus de l’agriculture biologique ». Objectif : pouvoir démontrer qu’il y avait « 223 fois moins de résidus de pesticides en moyenne dans les aliments bio que dans les aliments conventionnels ».

« Ces éléments montrent clairement que la non présence de résidus de pesticides dans les aliments bio garantit le consommateur des risques éventuels dus à la présence de nombreux résidus de pesticides dans les aliments conventionnels, dont certains sont suspectés d’être cancérigènes ou pouvant perturber le système endocrinien », avait alors déclaré François Veillerette, le patron de GF. Sauf que le saumon conventionnel présent dans le menu de 2010 n’avait pas été remplacé par du saumon bio dans le menu de 2011. Grâce aux journalistes de 60 millions de consommateurs et de Thalassa, on comprend mieux les raisons de cette absence…

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