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Les étonnantes habitudes alimentaires des Français

Deux études sur les habitudes alimentaires des Français, la première du Crédoc et la seconde de l’Anses, jettent un sacré pavé dans la mare des idées reçues. Contrairement au discours politiquement correct selon lequel il existerait un engouement pour la cuisine préparée à domicile, à partir de produits bruts, on découvre dans celle du Crédoc que le mode de vie urbain des jeunes générations, plus diplômées que leurs aînés, les conduit « à l’achat de produits faciles à consommer tels que pizzas, quiches, sandwiches, pâtes ou riz ». Autrement dit à privilégier « un mode d’alimentation de plus en plus orienté vers la praticité ». Ce qui explique également que la consommation de compotes a augmenté de 53% entre 2013 et 2016, alors que celle des fruits frais est en baisse. Bref, le prêt-à-manger poursuit sa conquête des assiettes au détriment de la « bonne vieille cuisine faite maison ».

Les auteurs s’inquiètent par ailleurs du fait que les Français se conforment de moins en moins aux « cinq fruits et légumes par jour » pourtant préconisés depuis l’adoption du Programme national nutrition santé (PNNS) en 2001. Ils estiment indispensable le renforcement des politiques publiques d’information. Face aux campagnes anxiogènes sur l’assiette, il serait en effet très utile que les pouvoirs publics fassent entendre une voix rassurante sur la qualité sanitaire des fruits et légumes frais, bio comme conventionnels.

L’étude de l’Anses, intitulée Etude INCA3, confirme pour sa part cette progression de l’alimentation « de plus en plus transformée » dans la consommation des ménages. « Le recours important à ces produits agroalimentaires industriels contribue à créer une distance entre les individus et leur alimentation », note l’agence. Elle constate ensuite que « cette tendance s’accompagne d’une augmentation importante (environ 50%) du taux de consommation de compléments alimentaires ». En progression globale de 9 points entre 2006-2007 et 2014-2015 pour l’ensemble des adultes de 18 à 79 ans, ce taux est de 32 % dans la tranche de population âgée de 18 à 44 ans. Consommés au quotidien ou presque, sans avis médical dans la moitié des cas, ces produits sont principalement achetés en pharmacie.

Cette mode inquiétante vient des Etats-Unis où, en quarante ans, la part d’Américains consommant des compléments alimentaires a bondi de 27 % à 66 %. Et ce malgré les avertissements des experts de l’Agence américaine du médicament (FDA) et des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui estiment que « certains compléments contiennent des substances pouvant avoir de puissants effets dangereux sur l’organisme ». Outre-Atlantique, ce juteux marché génère un chiffre d’affaires de plus de 32 milliards de dollars…

Très éloignés des beaux discours sur ces prétendues nouvelles tendances d’une population souhaitant une alimentation plus « proche de la nature », les Français consomment donc davantage de produits industriels et transformés, saupoudrés d’une hausse considérable de compléments alimentaires issus de l’industrie pharmaceutique ou parapharmaceutique. Un constat déconcertant !

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