La publication des 149 propositions sorties de la Convention citoyenne pour le climat ressemble à s’y méprendre au programme décroissant de la mouvance écologiste totalement déconnectée des réalités économiques et sociales du pays. Alors que les plans de licenciements se succèdent à un rythme préoccupant et qu’une crise économique d’une gravité inouïe se dessine à l’horizon, ces 150 citoyens tirés au sort ne proposent rien d’autre qu’« une logique de décroissance, de contraintes et de punitions », constate le chef de file des Républicains, Christian Jacob, tandis que, de son côté, Arnaud Grossement, avocat spécialisé dans les affaires environnementales, déplore que ce rapport ne propose rien d’autre qu’« une série d’adaptations souvent assez tièdes de mesures déjà existantes ou déjà discutées ».
Connaissant la logique inhérente à ce genre d’exercices, pouvait-on vraiment s’attendre à autre chose ? Le profil des citoyens retenus, à lui seul, permettait de prévoir sans grand risque d’erreur l’issue des débats, eux-mêmes bien encadrés par quelques figures notables de l’écologie punitive comme l’écologiste radical Cyril Dion, l’un des trois « garants de la Convention », ou encore Laurence Tubiana, coprésidente du comité de gouvernance, ancienne militante de la Ligue communiste révolutionnaire convertie à la lutte pour le climat auprès de ses amis socialistes et écologistes.
À cet encadrement mûrement réfléchi vient s’ajouter la liste des experts auditionnés. Parmi les quatre spécialistes sollicités pour le panel Se nourrir figurent la chargée de l’agriculture de Greenpeace, Laure Ducos, un responsable de la Fondation Nicolas Hulot, Samuel Leré, et le président de la coopérative Système U, Dominique Scheicher. Olivier Dauger, élu de la FNSEA, a été le seul candidat porteur de la voix des agriculteurs à être auditionné. Y a-t-il donc lieu de s’étonner si les propositions retenues concernant ce sujet déclinent un catalogue d’idées reçues sur la promotion des circuits courts et de la bio, la taxation des aliments ultratransformés, l’interdiction des « graines génétiquement modifiées [sic] » et la réduction pour moitié de l’usage des pesticides, ou encore l’objectif d’atteindre 50 % d’exploitations en agroécologie en 2040 ? Comme si ces mesures allaient vraiment permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre…
Ainsi que le note avec pertinence le philosophe et député européen François-Xavier Bellamy : « On se retrouve à la fin avec des propositions tellement éloignées des aspirations de début qu’on voit bien qu’il ne suffit pas de tirer des gens au sort pour avoir une idée de ce que les Français veulent. » Mais ça, on le savait déjà, non ?