Visite des coulisses du principal distributeur de produits bio — Biocoop — en butte à de sérieuses critiques de la part de ses employés
En novembre 2019, Biocoop proclamait dans une publicité : « Pour certains, le bio c’est juste une étiquette. Pour nous, c’est une éthique. » Et de fustiger les autres distributeurs, qui seraient seulement motivés par l’argent. Cette image éthique a cependant été assombrie par deux mouvements de grève, respectivement en date du 9 juillet et du 1er août, visant à dénoncer les pratiques du géant de la distribution des produits issus de l’AB. Sur Le MédiaTV, proche de La France insoumise, Samuel Vincourt, employé et délégué du personnel au Biocoop le Retour à la Terre du XIe arrondissement de Paris, s’insurge contre les méthodes de son employeur : travail le dimanche, impossibilité de partir en rupture conventionnelle, non revalorisation des rémunérations en fonction des compétences et de l’ancienneté… constituent ses principaux griefs.
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Et Samuel Vincourt n’est pas le seul salarié à se plaindre de l’enseigne. Pour preuve, quelques témoignages recueillis sur le moteur de recherche d’emploi Indeed.fr, qui dénoncent les pratiques sociales de plusieurs magasins de Biocoop : « Particulièrement déçue par cette coopérative qui fonctionne très majoritairement sous forme de franchise », une conseillère en alimentation bio et santé déplore être « au bout de 3 ans payée 11,50 euros de l’heure, alors que j’ai les compétences et connaissances pour être promue responsable de rayon non alimentaire ».
Pas très sympa pour les employés de Biocoop
Comme beaucoup d’autres, elle affirme ne jouir d’aucun avantage, ni tickets-restaurants ni treizième mois, seulement de la possibilité de « manger les produits périmés ou invendables ». Pour le responsable du rayon Pain-Fromage-Traiteur d’un Biocoop des Hauts-de-Seine, « Biocoop, c’est bien pour les clients (s’ils ont les moyens) mais pour les employés c’est moins sympa ». Il révèle que son salaire « est à peine supérieur à un ELS [employé de libre-service] de grande surface mais avec beaucoup plus de travail et de responsabilités » et estime que sa direction « ne sait pas gérer les emplois du temps et n’a aucune compétence en management ».
Des propos confirmés par Samuel Vincourt, qui note que le salaire minimal de Biocoop, « c’est le SMIC +10 % » : « Avant, il existait une convention permettant une revalorisation des salaires jusqu’à 1 500 euros pour un salarié polyvalent, mais cette convention a été retirée, car elle a été considérée comme trop bénéfique pour les salariés. » Et de conclure que, si « le caractère coopératif de Biocoop peut s’exprimer dans certaines instances qui existent, mais qui sont détenues ultra majoritairement par ces détenteurs de magasins, aujourd’hui, avec la croissance qu’a connue Biocoop ces quinze dernières années, on n’a plus du tout la possibilité en tant que salarié de modifier décemment nos conditions de travail dans nos magasins ». Même si l’on ne peut incriminer l’ensemble des magasins en se fondant sur le seul témoignage de quelques salariés déçus, force est de constater que l’on observe chez Biocoop une même tendance à la rentabilité au détriment des salariés que dans les enseignes de la grande distribution classique, l’hypocrisie en plus.