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Nous voulons des coquelicots, saison 2

Après deux ans d’existence, l’association Nous voulons des coquelicots de Fabrice Nicolino fait sa mue pour poursuivre son combat contre l’agriculture française

Le 4 septembre 2020 a eu lieu le dernier rassemblement national de Nous voulons des coquelicots devant les mairies. L’association aura donc rassemblé en tout 1,2 million de signatures réclamant l’interdiction de tous les pesticides de synthèse. Initié il y a deux ans, l’objectif ambitieux de 5 millions de signatures n’a donc pas été atteint, ce qui n’empêche nullement Fabrice Nicolino d’assurer avoir « gagné ». « Certes, le système des pesticides est encore là. Certes encore, nous voulions, nous espérions l’ébranler davantage. Nous rêvions à haute voix de renverser la table et de passer ensemble à tout autre chose. Mais nous avons néanmoins gagné la partie, en imposant notre agenda, en obligeant toute la société française, même fugacement, à regarder en face la tragédie en cours », clame le militant. Il en veut pour preuve « la grande controverse de Langouët » qui « n’aurait jamais pris cette importance sans l’intervention de notre mouvement ».

Dans son bilan autocongratulatoire, Fabrice Nicolino distribue des remerciements à tous ceux qui ont participé au financement du mouvement des Coquelicots. Au premier chef à Jean-Louis Gueydon de Dives, créateur et président de la Fondation pour une Terre humaine, sise en Suisse, qui fut « le premier à nous avoir fait confiance » et qui « nous a aussitôt débloqué une somme conséquente ». Ce qui n’est guère étonnant quand on connaît la radicalité de la position de ce philanthrope, qui pense « que « l’homme devra inventer dans le futur de nouvelles manières de se nourrir sans tuer d’êtres vivants [plantes et animaux, NDLR] ». Lequel n’hésite pas à imaginer « des possibilités comme la synthèse directe de protéines à partir des minéraux et de l’énergie solaire ». 

Autres soutiens vis-à-vis desquels Nicolino estime avoir « contracté une dette morale » : l’éditeur Henri Trubert, le collectif d’entreprises 1 % pour la planète, Yann Arthus-Bertrand, la ferme Sainte-Marthe, le fonds de dotation Pierre Rabhi, la Fondation Nature et Découvertes, le réseau Biocoop, « ainsi que l’association Générations Futures, qui a financé la mise en place du site Internet ». Bref, un assortiment de choix des principaux acteurs du lobby du bio.

Nicolino encourage néanmoins les groupes locaux à se lancer « dans le grand bain »,

Faisant l’annonce que « le groupe dit “national”, sans se retirer de notre mouvement, se met en retrait et n’animera plus la liaison avec les groupes locaux », « avec », précise-t-il,  « l’aide du noyau fondateur, bien entendu, et des finances que nous avons pu réunir au cours de ces deux ans ». Ainsi, il assure la poursuite des campagnes contre les SDHI, en affirmant que « nous ne disparaissons pas », mais « nous nous mettons en retrait, espérant très vivement que des groupes locaux stables et puissants s’empareront des prochaines campagnes ».

À lire aussi : Pétitions et lobbying pour une autre agriculture

Nicolino en appelle de la sorte à une « mue » du mouvement, sous l’intitulé tout neuf de « Nous voulons des paysans ». Et de lancer : « À côté de la grande bataille contre les pesticides, nous vous demandons à tous de vous transformer en prosélytes de “Nous voulons des paysans”, quitte à placer les Coquelicots derrière cette grande bannière. » Il exprime ainsi sa conviction : « Seule une société paysanne reconstituée sur des bases nouvelles peut nous permettre de faire face à la crise climatique tout en sauvant les oiseaux et tous les autres êtres vivants. Il n’est évidemment pas question de revenir aux si dures conditions d’antan. Les paysans de demain doivent pouvoir circuler, lire, échanger, se distraire de mille manières, partir en vacances comme tous les autres. Évidemment. » Constatant que « la France manque de millions de paysans heureux, fiers de nourrir la société tout en retrouvant l’harmonie avec la nature », il formule le souhait que l’État débloque 200 milliards d’euros sur 10 ans afin de permettre à tous ceux qui sont déjà paysans de le rester, tout en installant « un million de jeunes et moins jeunes, qui deviendront paysans en accédant à une terre que la spéculation foncière leur refuse ». Cette stratégie a visiblement été élaborée il y a un peu plus d’un an, lorsque le nom de domaine nousvoulonsdespaysans.org a été déposé, en juin 2019. Et Nicolino de conclure en ces termes : « L’objectif est fou, mais il est surtout réaliste. » Aussi réaliste que de réunir en deux ans 5 millions de signatures pour l’interdiction des pesticides…

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