Un sondage, réalisé en octobre dernier par Ipsos pour le compte du Réseau Action Climat, révèle que 8 Français sur 10 estiment qu’il faudrait limiter le plus possible l’usage des pesticides dans l’agriculture « afin de préserver l’environnement et la santé des consommateurs, même si cela peut compliquer le travail de certains agriculteurs ». Et 2 sur 10 estiment qu’il est préférable, face à la concurrence étrangère, d’autoriser l’utilisation des pesticides dès lors qu’ils « représentent des risques pour la santé ou l’environnement ». Présenté de cette façon, le résultat n’est guère surprenant. Qui pourrait en effet s’étonner que la préoccupation prioritaire des Français ne soit pas la santé ?
En revanche, l’Eurobaromètre sur la sécurité alimentaire dans l’UE, réalisé par l’Efsa et rendu public un mois plus tôt, est bien plus riche en enseignements. On découvre ainsi que le facteur qui conditionne le plus l’acte d’achat d’un aliment est son coût (pour 66 % des Français, contre 60 % pour la moyenne européenne), juste avant le goût (51 % des Français, contre 54 % pour la moyenne européenne). La sécurité alimentaire (un aliment présentant un risque quel qu’il soit) ne vient qu’en troisième position (46 % des Français, contre 41 % pour la moyenne européenne).
Et lorsqu’on creuse la question des risques, une rupture franche apparaît entre les citoyens européens et les Français. Alors que les résidus de pesticides préoccupent plus d’un Français sur deux, c’est le cas de seulement 39 % des citoyens européens. Comment expliquer cette différence ? La réponse est simple : elle est due à l’incontestable réussite de la stratégie mise en place par l’association Générations Futures qui, dès mars 2006, a lancé aux entreprises du bio un fructueux appel pour financer campagne sur campagne ciblant les « dangers des pesticides » et promouvant « l’importance de manger bio ». Et cela, dans le dessein, notamment, « de développer le secteur de la bio en général et donc de créer un climat propice au développement » des sociétés du secteur bio. Depuis presque vingt ans, l’association instille ainsi un climat anxiogène, basé sur l’association systématique des termes « pesticide » et « cancer », ou « pesticide » et « maladie » (maladie de Parkinson, maladie neurologique, maladie dégénérative, etc.). Vingt ans que ce refrain ne cesse d’être rabâché.
Mais l’Eurobaromètre révèle également une très bonne nouvelle. 87 % des Français interrogés répondent faire confiance aux agriculteurs pour obtenir des informations sur les risques alimentaires, soit 8 % de plus que les 79 % qui disent se fier aux ONG. Comme quoi, la voix des agriculteurs reste indéniablement le meilleur rempart contre cette désinformation constante des ONG.


