Le 24 avril, les urnes ont parlé. Et, comme bon nombre de commentateurs politiques l’ont fait remarquer, la France est plus que jamais coupée en deux. D’un côté, la France des villes, qui a largement profité des bienfaits de la mondialisation avec son pouvoir d’achat en hausse, et de l’autre, la France des champs, dont les difficultés s’accumulent depuis plusieurs décennies. Cette dernière a largement voté pour Marine Le Pen, tandis que les électeurs des villes se sont très majoritairement reportés sur Emmanuel Macron.
On observe donc en France le même phénomène qu’aux États-Unis, qui connaissent une polarisation similaire de la population, avec une franche radicalisation des opinions et des discours. En France, cette radicalisation a déjà fait quelques victimes : le parti des Républicains et le Parti socialiste en premier lieu, mais aussi le parti écologiste, qui, suite à ses excellents résultats aux élections européennes – 3 millions de voix et 13,47% des suffrages – se voyait déjà à la tête d’une grande coalition d’une gauche recomposée. Son score décevant de 4,63% – et la perte de 1,4 million de suffrages – ne lui donne cependant aucun autre choix politique que de se rallier à La France Insoumise. La direction d’EELV se justifie en indiquant qu’un « grand nombre de points de convergence » ont « été actés » au cours des discussions, dont l’objectif du « 100% renouvelables », la baisse de « 65% de gaz à effet de serre d’ici 2030 », « la sortie du nucléaire » et, bien entendu, la fin de l’agriculture dite « productiviste ».
Il serait donc illusoire de penser que le faible score de la liste écologiste signe la fin de l’écologie politique. Bien au contraire : la surenchère déclarée entre les candidats Mélenchon et Jadot dessine désormais le projet écologiste le plus radical proposé par un parti politique français.
Et du côté du président Macron, l’avenir semble également être marqué du sceau de l’écologie. « La politique que je mènerai dans les cinq années qui viennent sera écologique ou ne sera pas », a-t-il ainsi déclaré entre les deux tours, à Marseille. Et de promettre de faire de la France « la première grande nation à abandonner le gaz, le pétrole et le charbon [sic] ». Un Premier ministre « directement chargé de la planification écologique » – une idée clairement inspirée par Mélenchon – et « appuyé par deux ministres forts » devrait ainsi rendre son deuxième quinquennat vraiment vert. Reste à savoir si ce verdissement politique est compatible avec la principale préoccupation de la France des champs, dont les fins de mois pourraient devenir de plus en plus difficiles face à la spirale inflationniste, qui provoque déjà des effets dramatiques.