SIA2023 : Entretien avec Nicolas Richier, arboriculteur dans les Hautes-Alpes durant le
Nicolas Richier : Ce matin, on a eu une petite délégation avec nos collègues du Limousin qui produisent des pommes d’altitude. On est venu constaté la présence de pommes polonaises sur le marché de Rungis. Ce n’est pas réellement une nouveauté mais ce qui est nouveau c’est la quantité que l’on trouve sur le MIN, chez nos clients, qui sont aussi nos clients mais qui vendent aussi de la pomme polonaise très peu cher et avec de meilleures marges pour eux. Mais ce qui nous ennuie beaucoup c’est que ces pommes ne respectent pas les normes françaises. On a des cahiers des charges très strictes en France et avec nos collègues de l’ANPP, on a fait des analyses des résidus sur ces pommes et on retrouve des molécules qui nous sont interdits, parfois depuis de nombreuses années et que l’on retrouve en quantité significative dans ces pommes polonaises.
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GRW : Ces produits que l’on retrouve dans ces pommes polonaises sont autorisés à l’échelle de l’ Europe et de la Pologne. Ce n’est pas la faute des polonais. C’est légal chez eux ?
Nicolas Richier : Le client que l’on voit, les marchands, les grossistes sont complètement décomplexés par rapport à ça parce qu’il n’y pas de problème de légalité.
GRW : Nous avons là un véritable problème de distorsion de concurrence tout simplement parce qu’ils sont capables de produire des pommes moins chers parce qu’ils bénéficient de produits phytosanitaires qui vous sont interdits aujourd’hui.
Distorsion de concurrence entre les pommes françaises et polonaises
Nicolas Richier : Absolument ! On peut parlé du prix ! 40 à 50 centimes rendus sur la pomme polonaise quand nous cela nous coûte au minimum 1,20 € à ramener sur Rungis, la même variété, la même qualité ! C’est intenable pour nous. Si on laisse faire, si on ne prévient pas les pouvoirs publics, si on ne prévient pas les consommateurs parce que c’est un enjeu de santé publique. On le dit souvent, et c’est notre phrase à nous : on a le droit de manger ce qu’on a pas le droit de produire. C’est terrifiant. Il faut qu’on alerte les pouvoirs publics, les consommateurs et trouver des solutions à ça. L’augmentation est significative d’année en année. Si on laisse faire c’est la ruine de l’arboriculture française et la pomme de demain que mangeront les français sera polonaise.