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Mais où sont les pièces à conviction ?

Un an après la mise en examen de la société BASF dans le dossier du fipronil, où en est l’instruction ? Face au « colosse allemand », pas moins de 550 personnes se sont portées partie civile. Hasard du calendrier, plus de 70% de ces dernières se sont soudainement réveillées entre le 15 février et le 15 mars 2004, c’est-à-dire au plus fort de la campagne très médiatique accompagnant la parution, le 12 février, du livre de Philippe de Villiers Quand les abeilles meurent, les jours de l’homme sont comptés. Sur les 550 plaintes, seulement 19 avaient été déposées en 2002 et 2003. Or, sur l’ensemble des 550 cas, seulement deux ont apporté des éléments pouvant entraîner une suspicion à l’égard du Régent TS ou du Gaucho. Dans la quasi-totalité des cas, aucun prélèvement sur des abeilles mortes n’a été effectué et aucune expertise n’a été réalisée, pour la simple raison que la constitution de la partie civile n’est intervenue que plusieurs mois, voire plusieurs années, après les prétendus constats de mortalité. Les apiculteurs ont juste utilisé un formulaire-type, où il suffisait d’indiquer son nom, son adresse et l’objet de la plainte… Ainsi, rien ne distingue ces signalements les uns des autres, comme si leur nombre, à lui seul, suffisait à servir de preuve.

Les 550 plaintes se résument donc aux deux cas où les apiculteurs ont fourni des prélèvements et où une véritable enquête a été menée. Il s’agit du cas de M. Brossier, président du syndicat apicole professionnel des pays de Loire-Poitou-Charentes, qui s’est constitué partie civile en juillet 2004. Le juge d’instruction Guary est alors intervenu, a fait prélever de nombreux échantillons de couvains, d’abeilles et de pollens, et les a confiés au laboratoire de Mme Grenier-Loustalot, à Lyon. Il a également transmis des échantillons de pollens de tournesol traités au Régent TS au laboratoire départemental d’analyses de la Vendée, financé par le Conseil Général, qui est partie civile contre BASF ! Les 30 août et 11 octobre, les conclusions de ces deux laboratoires, dont toute connivence avec BASF est exclue, ont été remises. Elles sont sans équivoque : « Il n’y a pas de résidu de fipronil et de ses métabolites à la limite de quantification de 0,2 ppb ». Le premier élément à charge de l’accusation s’effondre !

Le deuxième cas, celui de M. Mary, résidant à Longeville-sur-Mer, est encore plus troublant. D’importantes concentrations de fipronil ont bien été constatées dans ses ruchers, situés à plus d’un kilomètre de champs de maïs traités au Régent TS. La ComTox s’est saisie de l’affaire, et a rendu son verdict le 16 octobre 2004. La conclusion est accablante… pour M. Mary ! En effet, elle « suggère la présence d’autres sources d’exposition » que celles mises en cause par l’apiculteur. En clair, selon la ComTox, les quantités de fipronil retrouvées sur les abeilles sont trop importantes pour pouvoir provenir des parcelles incriminées ! D’où vient le fipronil ? Mystère !

N’en déplaise à M. de Villiers, sur les 550 cas signalés, les deux seuls qui disposaient d’une pièce à conviction ont tout simplement été récusés. En toute logique, un non-lieu s’impose !

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