On finissait par l’oublier : un « vrai » écologiste se doit de promouvoir la réduction de la population. Fort heureusement, la revue du milliardaire britannique Teddy Goldsmith, L’Ecologiste, est là pour nous le rappeler ! Dans sa livraison de septembre-octobre-novembre 2006, elle publie un article de David Nicholson-Lord, chercheur à l’Optimum Population Trust, qui revient sur les causes malheureuses de l’abandon de ce thème par les principaux mouvements écologistes.
«Tenter de débattre de la croissance de la population humaine aujourd’hui est un exercice périlleux. La droite vous accusera d’autoritarisme et la gauche de racisme, de fascisme ou de néo-malthusianisme », explique le chercheur. Sans blague ! Serait-ce donc par pure démagogie que « les associations écologistes, à leur éternel discrédit, effrayées par un tel mélange explosif, ont déserté le champ de bataille et ont camouflé leur retraite dans un nuage de fumée argumentatif » ? Serait-ce aussi « à cause du politiquement correct, [qui] a gagné en importance après la conférence du Caire, en 1994, sur la population, et dont l’un des résultats a été l’exclusion systématique de toute considération numérique dans les discours autorisés » ?
Privés de ce discours malthusien, visiblement trop critiquable, les mouvements écologistes ont préféré intégrer le message suivant dans leur argumentation : « Les chiffres ne sont pas le seul facteur : le mode de vie compte également», comme l’explique David Nicholson-Lord. Raison pour laquelle le WWF a développé la méthodologie de son « empreinte écologique», plus politiquement correcte. A tel point d’ailleurs que le très fréquentable Nicolas Hulot en a fait l’un de ses principaux thèmes de campagne. La cause de tous les maux de la Terre est ainsi passée de la croissance de la population à la croissance économique. Or, pour David Nicholson-Lord, «la vérité est que certes, les modes de vie plus écologiques peuvent faire la différence, mais qu’une vie à zéro impact est une chimère». Pour preuve : son organisation a publié des études démontrant que « si les 6 milliards d’habitants vivaient avec un mode de vie occidental modeste basé entièrement sur des énergies renouvelables, on aurait encore besoin de 1,8 planète». Par conséquent, « il y a tout simplement trop d’habitants aujourd’hui sur la planète ! » Il prend pour exemple le Royaume-Uni, « un petit pays, surpeuplé, sururbanisé, avec une qualité de vie en baisse, qui n’est plus capable de vivre de ses ressources propres ». On reconnaît bien là les thèses de Teddy Goldsmith, qui écrivait déjà au début des années soixante-dix, dans Changer ou disparaître, que la population atteint son « maximum admissible » pour un pays donné lorsqu’elle n’est plus capable de se nourrir sans importer des denrées alimentaires. Ce qui était déjà à l’époque le cas de l’Angleterre, qui paraissait « hors d’état de nourrir plus de la moitié de sa population actuelle » puisqu’elle dépendait pour moitié de l’importation de sa nourriture. D’où la nécessité, selon Teddy Goldsmith, que l’Angleterre se fixe comme objectif de réduire sa population de 52 millions à 30 millions d’individus « pour les cent cinquante ou deux cents années à venir ». Pour y parvenir, l’écologiste britannique proposait dans les années soixante-dix de mettre « fin à l’immigration » et de maintenir les « familles légèrement inférieures aux taux de remplacement », et cela, grâce à la promotion de la contraception, de l’avortement et de la stérilisation – certes volontaires…
Au moins, David Nicholson-Lord a-t-il le mérite de ne pas masquer les vraies racines de l’écologisme !