La récolte viticole 2007 sera finalement de 46,7 millions d’hectolitres, et non de 51,2 millions comme l’avait estimé au 1er juillet 2007 le Service central des enquêtes et études statistiques (SCEES) du ministère de l’Agriculture et de la Pêche. Soit une baisse de 11% par rapport à la moyenne des cinq dernières années, et de 12% par rapport à la récolte de l’année dernière. En vin de pays, la récolte serait en-dessous de la moyenne de 6 %, et en recul de 9 % par rapport à l’année dernière. Et ce n’est rien comparé aux autres vins : – 34 % par rapport à 2006 pour le jus et moût, qui connaît la plus forte baisse, et pour les vins aptes à la production de cognac – dont les prévisions ont encore été abaissées ce mois-ci -, les volumes seraient inférieurs de 23 % à ceux de 2006.
La cause est connue : le refroidissement climatique, qui a très sensiblement touché la France durant l’année 2007. « Depuis la fin du printemps, la production a été affectée par divers facteurs climatiques : d’abord, le froid au moment de la floraison, à l’origine de coulures parfois importantes (vignobles de la moitié sud) ; ensuite, un stress hydrique enregistré dans certaines zones du Sud-Est ou, dans d’autres régions, un été majoritairement humide et frais, favorisant le mildiou et le développement de foyers de pourriture (botrytis) qui rendent nécessaires des opérations de tri parfois de grande ampleur (Bourgogne, Beaujolais ou Jura notamment) ; enfin, à divers stades, des orages de grêle touchant parfois violemment le Sud-Est (notamment Vaucluse) et le reste de la France (Gers, Champagne, Beaujolais, Alsace, Val de Loire) », explique le bulletin Agreste Conjoncture d’octobre 2007. La météo maussade et fraîche du mois d’août a même provoqué un retard de quelques jours, voire de quelques semaines, dans les vendanges de Bourgogne et du Beaujolais, alors que certains prédisaient des vendanges avancées de dix jours.
Bref, 2007 restera marquée comme une année difficile, très exigeante en attention et surtout en fongicides ; y compris pour les viticulteurs bio, qui ont été obligés de traiter copieusement leurs vignes avec du cuivre. Certains viticulteurs bio ont dû traiter jusqu’à 14 fois cette année, « le double d’une année normale », comme l’explique César Compadre, journaliste spécialisé à Sud-Ouest. Daniel Noël, fondateur de l’organisme de formation Vini Vitis Bio, rappelle pour sa part que « la viticulture naturelle n’existe pas ». Simplement, « le bio utilise le « moins pire ». Et contrairement aux idées reçues, ce millésime 2007 n’a pas été plus difficile pour les bio que pour les conventionnels, même si je connais des bio ayant perdu toute leur récolte. Les bons techniciens, avec de bons outils, ont réussi dans les deux familles, pas les autres », poursuit Daniel Noël. En effet, sans l’aide de produits phytosanitaires « naturels » ou de « synthèse », la situation aurait tout simplement été catastrophique presque partout en France. Du coup, la vente de ceux-ci est « en hausse d’environ 15 à 20 %, voire beaucoup plus selon les régions », selon les premières estimations de Jean-Charles Bocquet, directeur de l’union des industries de la protection des plantes (UIPP).
Au moment où le microcosme politique parisien s’agite au sujet du réchauffement climatique et organise la réduction des pesticides, la nature vient rappeler qu’elle aussi a son mot à dire. Ce qui n’empêche que les viticulteurs vigilants seront récompensés par un millésime 2007 qui « devrait être exceptionnel sur le plan qualitatif, et plutôt axé sur le fruit », comme l’ont confié les Vignerons Coopérateurs de France à l’agence de presse agricole ActuAgri.