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La variante israélienne du virus de la paralysie aiguë (IAPV) présente aux Etats-Unis au moins depuis 2002

Selon une nouvelle analyse génétique américaine, le fameux Israeli acute paralysis virus (IAPV), qui serait impliqué dans la mystérieuse disparition des abeilles, ne serait pas arrivé aux Etats-Unis via l’importation récente de ruches australiennes. C’est ce que vient de dévoiler un article paru le 2 novembre 2007 sur le site de la revue américaine Science.

En septembre, une étude (voir A&E : Le phénomène d’effondrement des colonies aux Etats-Unis provient bien d’un agent pathogène) avait en effet révélé que les ruches victimes d’effondrement (Colony Collapse Disorder ou CCD) étaient porteuses d’au moins quatre pathogènes : l’IAPV, le virus du Cachemire (KBV) et les deux nosémoses apis et ceranae. Cependant, la forte prévalence de l’IAPV en faisait « un marqueur significatif » du CCD, car contrairement aux trois autres, il était quasi absent sur les ruches non atteintes du CCD. Comme aucune trace de ce virus n’avait encore été mise en évidence sur les quelques échantillons d’abeilles trouvées en 2004, alors qu’un échantillon d’abeilles australiennes, importées en 2005, en était porteur, les chercheurs américains en ont déduit que le virus était arrivé aux Etats-Unis très récemment. C’est ce qu’ont voulu vérifier le virologue Yanping Chen et le généticien Jay Evans, tous deux du Bee Research Laboratory de Beltsville (Maryland). Ils ont analysé plusieurs lots d’abeilles collectés entre 2001 et 2004 par des apiculteurs professionnels, ainsi que des abeilles d’Israël, qui avaient été congelés. Or, le virus a été retrouvé sur des échantillons datant de 2002. Notant la variation dans une zone de l’ARN du virus entre les abeilles de la côte Ouest et celles de la côte Est, Jay Evans estime que le virus est très probablement présent aux Etats-Unis depuis beaucoup plus longtemps. Ces résultats seront publiés dans le numéro de décembre de l’American Bee Journal, un magazine de professionnels. La prochaine étape des travaux d’Evans et de ses collègues consistera à comparer l’IAPV australien et l’IAPV américain, afin de mieux comprendre l’évolution de ce virus.

Cette découverte, qui apporte un élément supplémentaire à la compréhension de l’état sanitaire préoccupant des abeilles domestiques américaines, ne remet pas en cause la responsabilité du virus dans les mortalités. Bien au contraire. Il est en effet notoire que dans des conditions très favorables (comme des élevages industriels d’abeilles), les virus mutent très rapidement, par accélération des cycles, ce qui peut provoquer une augmentation de leur pathogénicité. Surtout, les chercheurs ne savent pas encore quel type d’IAPV est le plus nocif, ni quel est exactement le rôle des différents co-facteurs (chimiques, physiques – température ou hydrométrie –, ou micro-organismes), indispensables à l’apparition des symptômes de mortalité. Comme beaucoup d’autres scientifiques, Jay Evans insiste sur le fait que des travaux complémentaires restent à effectuer. Sans vouloir tirer des conclusions hâtives, il est cependant intéressant de rappeler que l’équipe espagnole de Mariano Higes a publié, dès novembre 2006, les résultats d’une expérience intéressante, montrant qu’une infestation massive de Nosema ceranae (avec 125.000 spores) sur trois lots d’une vingtaine d’abeilles parfaitement saines, provoque en huit jours un taux de mortalité atteignant 100 %… La présence – certes plus faible – de Nosema ceranae sur les abeilles américaines pourrait parfaitement jouer ce rôle de co-facteur.

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