Dans un long courrier adressé « à tous », Claude Poirot, président de L’Abeille vendéenne, s’inquiète au sujet du projet « Abeilles sentinelles de l’environnement » mis en place par le syndicat d’Henri Clément, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf).
Cette opération, dirigée par l’ancienne réalisatrice du film Témoins Gênants, Renée Garaud, aujourd’hui attachée de communication à l’Unaf, a pour objectif officiel « d’alerter le grand public de la situation inquiétante [de l’apiculture] et de tenter de protéger aussi bien l’abeille, que l’apiculture qui en dépend ». Sur le terrain, elle consiste à placer quelques ruchers dans des lieux à forte densité de population. Ainsi la région Ile-de-France s’est engagée au travers d’un partenariat signé avec l’Unaf à installer un total de 44 ruches dans des lieux publics afin de sensibiliser la population. Une opération qui « comprend la réalisation des peintures du logo de la région sur les ruches et des animations organisées par l’Unaf », précise Catherine Ribe, en charge du projet pour la région. Bref, une belle opération de communication. Reste à savoir si cela aidera la profession à mieux s’en sortir.
Quoi qu’il en soit, Claude Poirot n’apprécie pas qu’en ce qui concerne sa région, les Pays de la Loire, « les fonds régionaux alloués pour l’abeille sentinelle soient prélevés sur les fonds initialement prévus pour les différentes actions relatives à la relance de la filière apicole dans les Pays de la Loire ». Car, note-t-il, c’est d’autant moins d’argent pour « le soutien des projets économiques et techniques qui contribuent à maintenir les apiculteurs sur le terrain ». Ne souhaitant pas « spolier les apiculteurs ligériens de financements dont ils ont impérativement besoin pour garantir leur avenir », M. Poirot estime que l’argent que le conseil régional doit consacrer à l’opération de l’Unaf devrait être pris en charge par son budget communication, et non sur l’enveloppe « aide à l’apiculture ». Ce qui semble raisonnable… sauf qu’on comprend difficilement pourquoi le contribuable devrait payer pour une banale opération de communication qui concerne de surcroît une association réunissant principalement des apiculteurs amateurs.
Par ailleurs, que si de nombreuses villes n’ont pas attendu l’Unaf pour accueillir quelques ruches (cela fait plus de vingt-cinq ans qu’une trentaine de ruches sont installées sur Reims et que l’Opéra de Paris a son apiculteur attitré), d’autres préfèrent ne pas se lancer dans une opération à caractère purement symbolique alors que celle-ci pourrait rapidement tourner au drame. En effet, 3 % de la population sont allergiques aux piqûres d’hyménoptères. Pour les cas extrêmes, une piqûre peut même entraîner un choc anaphylactique, avec chute de tension et perte de connaissance, voire conduire à la mort. On peut donc se demander s’il est vraiment raisonnable de la part des responsables politiques de cautionner l’installation de ruchers dans des lieux publics aussi fréquentés. « La question a en effet été posée lors des discussions au conseil régional », admet Sandrine Kocki, du service presse de la région Ile-de-France. « Mais il n’y aurait qu’à peine une quinzaine de morts par an », poursuit-elle. Voilà qui est en effet rassurant… En réalité, le chiffre que donnent les services de santé se situe plutôt entre 6 à 27 morts par an, à comparer aux 23 décès qui ont fait suite à l’affaire de la vache folle. Reste à savoir qui sera tenu responsable en cas de décès : le conseil régional ou le syndicat de M. Clément ? « Pour notre part, nous avons souscrit une assurance par le biais de l’Unaf », répond en toute tranquillité Catherine Ribe. Les personnes qui seront concernées sauront donc à qui s’adresser…